Jeudi soir une grenade a été lancée contre la résidence de l'ambassadeur algérien, Mohamed Khelladi, à Caracas. Un «acte terroriste» contre l'engagement d'Alger auprès du président Chavez ? «C'est un acte de terrorisme !» titrait dimanche le Jeune Indépendant algérien, reprenant les propos des autorités vénézuéliennes au lendemain de l'attentat à la grenade qui a ciblé jeudi soir la résidence de l'ambassadeur algérien à Caracas. Samedi, dans une déclaration faite à la télévision nationale le vice-président vénézuélien avait en effet estimé qu'il s'agissait d'un «acte de terrorisme». «Cette grenade a été lancée pour tuer», a ajouté Jose Vicente Rangel imputant l'attaque, qui n'a fait aucun blessé, au mouvement gréviste de l'opposition. Réagissant à cet acte, Mohamed Khelladi, ambassadeur d'Algérie à Caracas, a lui aussi parlé «d'acte terroriste» visant à déstabiliser les deux pays. Et le Jeune Indépendant de préciser que la « représentation diplomatique avait reçu dans la matinée de jeudi des menaces», lesquelles ont également été «émises par téléphone contre les ambassades australienne, canadienne, allemande et uruguayenne» présentes dans la capitale toujours en proie à des manifestations quasi-quotidiennes réclamant le départ du président Hugo Chavez. Cette affaire, a en tout cas, coïncidé avec l'arrivée dans le pays de techniciens algériens qui, selon la presse vénézuélienne, ont pour mission d'aider au redémarrage de l'industrie pétrolière nationale. Cette dernière, paralysée depuis le déclenchement de la grève le 2 décembre dernier, avait présenté, le 6 janvier, une demande de prestations de service à son homologue algérienne Sonatrach. Selon le Matin de dimanche, qui rapportait des propos de plusieurs diplomates algériens présents au Venezuela, cette affaire renvoie en effet «à ce que veut entreprendre le Président Hugo Chavez : la récupération du pouvoir dans le pétrole», lequel secteur «abrite des intérêts étrangers», notamment ceux des trois multinationales Shell, Mobil et Exxon. Selon le journal, l'Algérie a donc fait les frais de son soutien au G15, «qui regroupe en fait 19 pays » dont elle-même, et dont l'objectif est le développement de la coopération «Sud-Sud» contre l'hégémonie des industries du Nord. D'où son appui à cet autre grand défenseur du G15 qu'est le président vénézuélien, qu'une « délégation composée du conseiller du ministre de l'Industrie et d'un membre du cabinet de la présidence algérienne» a récemment rencontré... Les autorités algériennes sont par contre restées muettes sur l'attaque à la grenade de jeudi soir, tout juste rapportée, commentait Le Matin, «par une dépêche de l'APS (...) sans aucune explication». «L'Algérie avait-elle le droit de se solidariser avec le Président Chavez au risque d'être accusée d'ingérence dans les affaires internes d'un pays souverain?» s'interrogeait le quotidien. D'autant plus que cette initiative du président Bouteflika a été très mal accueillie par l'administration Bush qui n'a jamais caché son soutien aux opposants vénézuéliens réclamant le départ d'Hugo Chavez. Cette même administration avait effectué plusieurs gestes conciliants -notamment la promesse de vente d'armes- envers le pouvoir algérien. Face à l'enlisement de la situation et à la perturbation des cours du pétrole - dont le Venezuela est le 8ème producteur mondial -, les Etats-Unis ont d'ailleurs eux-mêmes décidés d'intervenir, en proposant vendredi dernier de réunir «un Groupe d'Amis» rassemblant plusieurs pays du continent américain, pour trouver une solution à la crise vénézuélienne... Tout en faisant savoir que la Maison Blanche souhaitait une issue électorale du problème.