Le Maroc a fermé son ambassade à Caracas qu'il a transférée en République dominicaine. Un acte de protestation contre le soutien vénézuélien au Polisario. Le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération a annoncé, jeudi 15 janvier, dans un communiqué, sa décision de fermer son ambassade au Venezuela et son transfert en République dominicaine. La décision du Royaume se justifie, selon le communiqué, par l'hostilité ouvertement affichée par ce pays à l'égard de l'intégrité territoriale du Maroc. Une position qui ne peut pas conduire à l'amélioration des relations de coopération entre les deux pays, ce qui est la principale mission des représentations diplomatiques à Rabat et à Caracas. «Le Royaume du Maroc a décidé, jeudi, la fermeture de son Ambassade en République bolivarienne du Venezuela et son transfert en République dominicaine. Cette décision fait suite à l'hostilité croissante des autorités vénézuéliennes à l'égard de la question de l'intégrité territoriale du Royaume du Maroc et aux récentes mesures de soutien à la pseudo-RASD, prises par le gouvernement de ce pays», a indiqué le communiqué du ministère des Affaires étrangères. Bref et clair. Toutefois, la fermeture et le transfert de l'ambassade ne signifient pas une rupture des relations entre les deux pays. Dans les usages diplomatiques, il s'agit d'une mesure qui se situe, dans le classement des expressions de protestation, après la rupture des relations et le rappel d'ambassadeur pour consultations. Dans le cas du Venezuela, cela signifie que les relations restent maintenues, mais toutes les affaires à caractère bilatéral devront être traitées auprès de l'ambassade installée en République dominicaine. En prenant cette décision, le Royaume signifie aux autorités vénézuéliennes qu'une ligne rouge vient d'être franchie et que l'avenir des relations diplomatiques était désormais compromis. Un rappel au bon sens politique afin d'éviter d'aller vers la rupture. Certes, le Venezuela d'Hugo Chavez n'est pas à sa première provocation à l'égard du Maroc sur la question de l'intégrité territoriale. Les liens entre le président vénézuélien et les séparatistes du Polisario se sont développés timidement depuis son arrivée au pouvoir, il y a exactement dix ans. Elles se sont renforcées après sa réélection en 2006. Toutefois, il faut relever que le rapprochement entre Hugo Chavez et le Polisario n'est pas le résultat d'une prise de position dictée par la logique politique et le bon sens diplomatique. Il relève plus d'une volonté de se « distinguer » systématiquement dans toutes les affaires sur lesquelles la communauté internationale est quasi unanime. C'est ce qui est arrivé dans le cas de l'affaire du Sahara. Aller jusqu'à ouvrir une ambassade à Tindouf est un acte qui est d'une incohérence totale avec la situation de l'affaire du Sahara. D'abord, parce que le dossier est devant le Conseil de sécurité de l'ONU qui a engagé un processus de négociations entre les parties concernées. Ensuite, parce que ce même Conseil de sécurité a conclu que l'autonomie est la seule voie de solution crédible à ce conflit artificiel. Et, aussi, parce que la tendance chez l'ensemble des pays qui reconnaissaient la pseudo-RASD est de corriger cette erreur. En prenant cette décision, le président Chavez n'a peut-être fait qu'appliquer son principe diplomatique – le seul qu'il connaît d'ailleurs – à savoir : faire le contraire de ce que fait la communauté internationale. Ce qui, malheureusement, porte préjudice aux relations entre les deux pays qui commençaient à peine à se développer.
Le PJD et Chavez Une délégation du Parti de la justice et du développement (PJD), dirigée par Abdelilah Benkirane en personne, allait se rendre au Venezuela pour «remercier» le président Hugo Chavez pour sa décision d'expulser l'ambassadeur israélien en poste à Caracas. Le voyage allait-il servir, également, à protester auprès de M. Chavez pour son soutien aux ennemis de l'intégrité territoriale du Royaume ? Pour le moment, l'initiative proposée par Mustapha Ramid semble avoir été abandonnée.