Dépêché vendredi avec la délicate mission de trouver une issue à la crise ivoirienne, le chef de la diplomatie française a pu arracher une série de promesses encourageantes au président Gbagbo et aux rebelles du MPCI. Samedi, le mouvement rebelle à l'origine du soulèvement du 19 septembre dernier, le MPCI, s'est à son tour engagé à respecter le cessez-le-feu après une annonce similaire faite la veille par le président Laurent Gbagbo. Ces deux décisions faisaient suite à des entretiens menés successivement par Dominique de Villepin à Abidjan puis à Bouaké, les fiefs gouvernemental et rebelle. Le chef de la diplomatie française a aussi obtenu des deux camps qu'ils se rendent à «la réunion de l'ensemble des forces politiques de Côte d'Ivoire», prévue le 15 janvier à Paris qu'il avait proposée voilà des semaines face à l'enlisement de la crise. C'est d'ailleurs à la suite d'un nouveau regain de tension, la semaine dernière, que Dominique de Villepin a été envoyé dans le pays pour réclamer un arrêt des combats et des violences. Ceux-ci avaient repris de manière sporadique en décembre, malgré la signature du cessez-le-feu le 17 octobre par le gouvernement et le Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire. Impliquant de nouveaux groupes rebelles et de nombreux mercenaires étrangers, ces affrontements avaient alors entraîné un nouvel effort de médiation des dirigeants de la région et membres de la CEDEAO. En vain. La présence militaire française, effective dès les premiers jours du conflit, s'était quant à elle renforcée, faute d'envoi de la Force d'interposition ouest-africaine promise. Pourtant contestée par les deux camps, l'implication directe de la France dans le conflit ivoirien est surtout venue combler le vide diplomatique régional. Elle a aussi été précipitée par le bombardement, le 31 décembre, du village de Menakro, sur la rive Est du lac de Kossou, par «deux hélicoptères MI-24 pilotés par des Blancs», selon le MPCI. Cette attaque, qui a tué entre 12 et 14 civils, a alors remis en cause le rôle des troupes françaises censées surveiller le respect du cessez-le feu, les mercenaires des FANCI ayant bombardé une localité située en zone rebelle. «La France doit assumer sa responsabilité en se démarquant clairement de Laurent Gbabgo», pour qui «seul compte la guerre et non la négociation», avait averti jeudi le MPCI, rappelant le précédent du 23 décembre, à Pélézi, bombardement qui avait «provoqué la mort de 12 civils et causé plusieurs blessés». Ce même jeudi, le pouvoir ivoirien avait demandé à la France de «reconnaître publiquement» l'implication des dirigeants du Liberia et du Burkina Faso dans la crise. A la fois sollicitée et critiquée, Paris a donc décidé d'envoyer Dominique de Villepin le lendemain à Abidjan. Une visite qui a certes débuté de manière chaotique - le ministre ayant été bloqué et hué par des centaines de manifestants à Abidjan – mais qui s'est malgré tout soldée par une réussite. Vendredi, Dominique de Villepin a donc obtenu du président Gbagbo l'arrêt des hostilités, l'immobilisation des hélicoptères de combat, le renvoi des mercenaires étrangers combattant au côté des FANCI, et la tenue de la réunion inter-ivoirienne le 15 janvier à Paris. Samedi, le MPCI a fait de même, acceptant également de discuter avec le chef d'état-major français en Côte d'Ivoire, le général Beth, «pour établir des mesures de confiance». A l'issue de sa visite, M. de Villepin pouvait se déclarer samedi «très heureux» estimant qu'il existait «des perspectives politiques désormais écrites pour la Côte d'Ivoire». Mais seront-elles au moins respectées ?