Durant tout le week-end, de difficiles tractations ont été menées entre les différentes parties ivoiriennes en vue de la formation du futur Exécutif issu des accords de Marcoussis. La question des rebelles reste polémique. Dimanche, le Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire a annoncé l'envoi d'une délégation à Ouagadougou, ce lundi, dans le cadre de nouvelles consultations régionales sur les accords de paix de Marcoussis. Les rebelles à l'origine du soulèvement du 19 septembre 2002 entendaient, en effet, clarifier leur position sur l'application de ce plan de paix rejeté par le président et une partie de la population du pays. Censés intégrer le futur gouvernement, les représentants du MPCI ont été absents des derniers pourparlers menés par le nouveau premier ministre du pays, Seydou Diarra, à Yamoussoukro, il y a une semaine. Ils avaient alors lancé un ultimatum au président Gbagbo, le menaçant de reprendre les armes si celui-ci ne mettait pas en application d'ici dimanche, avant minuit, les accords de paix leur octroyant des portefeuilles ministériels. Nuançant ses propos quant à la possible reprise d'un conflit armé, le MPCI – qui possède toujours à lui seul la moitié nord de la Côte d'Ivoire – semble cependant opter pour la voix négociée. Le MPIGO et le MPJ, ls deux autres groupes rebelles qui contrôlent l'Ouest et se sont joints à l'ultimatum, en feront-ils autant ? Le MPCI a finalement décidé dimanche de mener sa propre « offensive diplomatique d'explication » de son point de vue auprès des dirigeants ouest-africains, du Burkina Faso en passant par le Sénégal, le Mali, le Bénin et le Nigeria. Le mouvement rebelle, qui exclut toujours toute remise en cause des accords de Marcoussis, avait déjà eu des discussions à ce sujet, vendredi à Accra, avec le président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), le chef de l'Etat ghanéen, John Kufuor. Son secrétaire général Guillaume Soro avait aussi largement discuté avec Seydou Diarra en vue de trouver un compromis vendredi soir. « Il faut sortir de l'impasse », avait expliqué un porte-parole des rebelles, Sidiki Konate. Le résultat de cette rencontre a pourtant été nul. Le MPCI réclame toujours ce qui semble être de plus en plus impossible : les postes-clés de la Défense et de l'Intérieur. Il affirme que ces deux portefeuilles lui avaient été promis lors de la table ronde inter-ivoirienne de dix jours à Marcoussis qui avait abouti aux accords de paix signés le 24 janvier par le président lui-même. Selon leur porte-parole Konaté, le mouvement espère d'ailleurs pouvoir prendre part aux éventuelles discussions sur la situation ivoirienne lors du sommet franco-africain qui se tiendra jeudi et vendredi prochains à Paris, et où Laurent Gbagbo doit également être présent. Quant au nouveau Premier ministre, Seydou Elimane Diarra, il est rentré samedi en toute discrétion à Abidjan, où il doit poursuivre ses consultations avec les principales formations politiques du pays. Cette tâche est plus que délicate pour ce Musulman du Nord qui n'a officiellement pris ses fonctions que lundi dernier alors, qu'il avait été nommé dès le 24 janvier. M. Diarra a une marge de manœuvre d'autant plus limitée qu'il devra attendre l'aval de son président avant de pouvoir mettre en place son gouvernement. Un Exécutif qui tarde, malgré l'urgence de réconcilier les Ivoiriens en attendant la prochaine élection présidentielle prévue pour 2005.