Après avoir délégué une partie de ses pouvoirs au nouveau Premier ministre, le président ivoirien a rencontré des représentants rebelles. Une première qui marque la volonté manifeste de sortir de la crise. Tous les regards étaient tournés mardi vers la première réunion du Conseil national de sécurité ivoirien, à Yamoussoukro. Et pour cause ! En se retrouvant mardi à la même table que ceux qui ont réclamé pendant des mois son départ, le président ivoirien a fait un pas important vers la « réconciliation ». C'est la première fois que les deux camps se rencontraient officiellement depuis le soulèvement du 19 septembre dernier. Parmi les représentants des insurgés, il manquait toutefois le MJP, groupe qui contrôle la région occidentale, théâtre de combats – et de massacres - de vendredi à dimanche. Les deux autres mouvements, le MPCI et le MPIGO, n'ont donné aucune explication sur cette absence. Outre les rebelles et le chef d'Etat, le Conseil a rassemblé le nouveau Premier ministre Seydou Diarra, les représentants de différents partis politiques et ceux des forces sécuritaire. Leur mission : choisir les deux personnalités qui tiendront lieu de ministres de la Défense et de l'intérieur au sein du gouvernement d'union nationale. Cette question est jusque-là restée en suspend face au désaccord entre la rébellion et les partisans du pouvoir. Sous bonne garde l'armée française, les débats ont donc eu lieu mardi dans la capitale administrative sans que l'on sache si les quinze membres du Conseil – créé par l'accord d'Accra samedi dernier – sont parvenus ou non à un compromis. Le temps presse pourtant pour le futur exécutif dont la répartition des portefeuilles avait été décidée dès le 24 janvier, à l'issue de la table ronde de Marcoussis, en banlieue parisienne. Dans la capitale ghanéenne, le 8 mars dernier, les parties en conflit ont confirmé – ou modifié, pour certains points - ce plan initié par la France, malgré l'opposition persistante des « jeunes patriotes » qui ont de nouveau manifesté en début de semaine à Abidjan. C'est d'ailleurs cette mobilisation des partisans du président Laurent Gbagbo qui avait entraîné l'échec de Marcoussis. Le plan d'Accra, conclu sous l'égide de la CEDEAO, prévoit la formation au plus tard le 14 mars d'un gouvernement de coalition composé de 41 – et non 46 comme prévu initialement - membres, dont neuf issus des rangs rebelles, notamment pour les postes de l'Administration territoriale et de la Communication. Selon le Premier ministre Seydou Diarra, la composition de cet exécutif pourrait être annoncée ce jeudi. Ce dernier a d'ailleurs reçu lundi dernier sa « lettre de mission » et donc les pouvoirs que lui a délégués le chef d'Etat, pour six mois renouvelables. Parmi les seize domaines de compétence concernés figurent le désarmement des forces rebelles, le rétablissement de l'intégrité territoriale et de l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du territoire, la refondation et la restructuration des forces de défense et de sécurité. Seydou Diarra devra aussi s'occuper de l'élaboration d'un projet de loi spéciale de naturalisation, de la préparation des échéances électorales, du projet d'amendement de la loi sur le foncier rural et de la libération des prisonniers de guerre. Pas toutes conformes aux accords de Marcoussis, ces délégations de pouvoir ont été saluées par les chancelleries occidentales, notamment la France, qui y ont vu une véritable sortie de crise. La Côte d'Ivoire serait-elle prête à faire la paix ?