Etonnante étoile que celle qui a accompagné la carrière, comme la vie, de Mohamed El Gahs. Une vie dont le moteur a toujours été le militantisme et dont le couronnement a été sa nomination à la tête du Secrétariat d'Etat en charge de la Jeunesse. Portrait. Mohammed El Gahs. Un nom lié intimement, il n'y a pas si longtemps de cela, à l'étonnante colonne qui a longtemps fait le succès de notre confrère Libération et qui est maintenant synonyme de Jeunesse, le département dont il a désormais la charge en sa qualité de secrétaire d'Etat. Plus étonnant encore que ses éditoriaux et sa candidature aux législatives à Sidi Bernoussi : son nouveau titre. Rien ne prédestinait ce social-démocrate sincère, comme ses proches aiment à le nommer, à un poste ministériel, si ce n'est un véritable engagement politique. Un engagement idéologique, voire spirituel, qui l'a poussé, à l'âge de 14 ans déjà, à embrasser le socialisme, pour la vie. A 15 ans, il est le plus jeune secrétaire régional de la Jeunesse de l'Union socialiste des forces populaires. Mohamed El Gahs est né le 30 septembre 1963, à Taza. Un bac science mathématiques en poche, le départ en France s'est avéré nécessaire par la suite. Ce sera chose faite durant les années quatre-vingt. Plus que le nombril de la culture universaliste, ce pays le découvrira plutôt sa face cachée : racisme, situation des émigrés, la difficulté de poursuivre des études…De quoi créer une véritable désillusion dans l'esprit des plus «croyants». Mais ce n'est guère le cas. Le jeune El Gahs ne lâche pas prise de ses principes. Il poursuit à Nancy des études d'économie et de gestion et fait du journalisme à Strasbourg. Il milite également dans plusieurs organisations françaises comme SOS Racisme. Mais il reste surtout fidèle à la cause de l'USFP et celle de l'UNEM. De retour au Maroc en 1993, El Gahs prend les rennes de Libération, un journal qu'il convertira d'hebdomadaire en quotidien, de porte-parole du parti en un journal professionnel où la rigueur journalistique va de pair avec l'image de l'USFP dont Libération est la vitrine. Des efforts qui lui ont valu une grande notoriété dans la profession. L'image de Mohamed El Gahs le journaliste-militant restera celle d'un «bosseur», fumeur convaincu, dévoreur de livres et cinéphile « inrockuptible ». Même si certains lui reprochent son excès de zèle et ses sauts d'humeur. Des caractéristiques qui témoignent d'une éternelle jeunesse. Une jeunesse dont il a à s'occuper. Maintenant qu'il Secrétaire d'Etat, la mission de Mohamed El Gahs est encore plus vague que jamais. Un constat qu'il ne cherche d'ailleurs pas à cacher. Quand ils ne sont pas légués à d'autres départements comme l'éducation nationale, l'emploi…les jeunes sont voués à eux-mêmes au Maroc. D'où la complexité de son poste, son extrême sensibilité aussi. Sa mission consistera avant tout à établir un cadre de fonctionnement où les différentes actions des autres départements peuvent converger. Avec un intérêt particulier à l'action associative. Pas étonnant ! «La priorité des priorités est de faire comprendre à la jeunesse marocaine qu'elle est désormais considérée et écoutée pour ce qu'elle est : une jeunesse qui a des besoins, des ambitions, des initiatives. Une jeunesse qui a le désir de participer à la vie publique. Elle est aujourd'hui invitée à se libérer et à s'impliquer. Je veux que cette jeunesse s'éclate», a-t-il déclaré à un confrère. Amen !