L'information médicale a été au centre d'un débat dans le cadre du 6e congrès de l'Association Casablanca des pédiatres privés. Afin d'éviter toute dérive, les intervenants préconisent la prudence quant au traitement du message médical. Livrer dans la presse une information erronée ou déformée, en général, peut avoir des conséquences incommensurables. Lorsqu'il est question d'information médicale, l'impact négatif que cela peut avoir prend des proportions autres. C'est dans cet esprit qu'une conférence, organisée dans le cadre du 6e congrès de l'Association Casablanca des pédiatres privés, a été tenue la semaine dernière, sous le thème « Le message médical et médias, attention aux dérives ». Débattre une question aussi sensible est plein de bon sens. L'initiative est d'autant pertinente que depuis plus d'une décennie, le poids des informations relayées par les médias s'est vu accroître. D'autant plus que depuis quelques années, les informations à caractère médical, notamment celles relatives aux scandales pharmaceutiques, incriminant tel ou tel produit, se font un écho particulier. Aussi, la désinformation a également eu pour conséquences l'enrobage de certaines pathologies d'une véritable chape de flou. Un comble puisque le rôle des médias est d'éclairer l'opinion publique de la réalité d'une pathologie donnée, spécifique ou non à une saison déterminée, et non d'induire celle-ci en erreur. Dans ce sens, la prudence est plus que jamais requise dans le traitement de l'information médicale. L'on s'imagine facilement les conséquences d'une fausse information sur le commun de mortels et, dans une certaine mesure, sur les professionnels de la santé. Ne serait-ce que ce sentiment de doute que cela pourrait susciter, aussi courte soit la durée de la perplexité, avant de s'assurer que rien n'en est. Les récentes situations que les secteurs médical et pharmaceutique ont connues témoignent de la capacité de nuisance d'une information non-vérifiée. Pis, lorsqu'il s'agit de pure spéculation, le mal que cela engendre est décuplé. À titre d'exemple, tout récemment, un laboratoire a décidé de retirer de la vente un de ses produits-phare : un anti-inflammatoire reconnu pour son efficacité pour le soulagement des poussées douloureuses dans le traitement de l'arthrose et la polyarthrite rhumatoïde. Un retrait volontaire après constat de risques cardiovasculaires liés à la prise dudit médicament. Selon les résultats d'une étude réalisée par le laboratoire en question, un doublement du risque relatif d'événements cardiovasculaires confirmés (infarctus du myocarde et accidents vasculaires cérébraux) a été mis en évidence. L'étude en question notait que l'augmentation du risque n'est constatée qu'au-delà de 18 mois de traitement quotidien continu. Mais auparavant, l'anti-inflammatoire en question a été au centre d'une sérieuse polémique. L'opinion publique ne savait plus à quoi s'en tenir et toute personne étant sous traitement du produit incriminé s'est retrouvée dans une situation peu enviable. La panique était telle que certains se sont même abstenus de prendre des médicaments quels qu'ils soient. D'autres étaient fermement persuadés que leurs jours étaient, désormais, comptés. Jusqu'à aujourd'hui, aucun rapport incriminant le produit concerné et émanant d'une autorité réglementaire, telle l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) n'a été publié. Pour mémoire, l'Afssaps, à l'époque, avait tout simplement recommandé à tous les patients traités par le produit incriminé de consulter leur médecin dans le but de modifier leur prise en charge thérapeutique, soulignant que « cette démarche ne nécessite pas d'être réalisée dans l'urgence, compte tenu du fait que le risque de complication cardiovasculaire reste faible et n'apparaît qu'à long terme.» Cela n'est qu'un exemple de tout ce qui peut résulter comme préjudice suite à une information erronée. D'autres exemples ont eu des effets plus désastreux et la société, qui paye le prix de cette précipitation, se trouve fatalement désinformée et induite en erreur.