Un gardien de prison, un agent des services de renseignements et trois autres prévenus sont impliqués dans une affaire d'arme à feu dérobée dans une villa appartenant à un ex-ministre. Une information est arrivée, jeudi dernier, à la 3ème brigade criminelle dépendant de la police judiciaire de Rabat. Elle dit en substance qu'un individu est à la recherche d'un acheteur intéressé par une arme à feu et une paire de menottes . L'information est précise, l'homme en question cherche un trafiquant de drogue ou un barbu en quête d'un pistolet pour commettre des délits criminels. Il a donc été recherché, identifié et arrêté en possession des deux objets. Au cours de son interrogatoire, il s'est avéré qu'il les a achetés à un autre individu appréhendé à son tour par les mêmes éléments. Ce dernier a déclaré que l'arme à feu a été dérobée d'une villa appartenant à un ex-ministre. Comme son père y travaillait en tant que gardien, il s'y était introduit sans commettre la moindre effraction. Il a tout simplement fait un double des clefs et pendant l'absence du propriétaire, il a cambriolé la demeure. Il s'est emparé de plusieurs objets d'antiquité d'une valeur inestimable, des œuvres d'art très anciennes et le fameux pistolet, un calibre 39 mm. Avant qu'il ne soit vendu, l'arme était arrivée entre les mains d'un policier exerçant dans les services de renseignements de la sécurité nationale. En fait, pour mieux comprendre cette étrange affaire, il faut savoir qu'elle a pour protagonistes une bande d'amis habitant le même quartier Zafati à Rabat. Le premier interpellé en possession des menottes et de l'arme à feu, porte le nom de Nasser. Il est né en 1981 à Asilah, diplômé du centre polytechnique, chômeur de son état. Celui qui les lui a vendus s'appelle Abdelilah, né en 1977 à Rabat et apparemment il n'exerce aucune profession. C'est lui qui a volé l'arme à feu dans la villa de l'ex-ministre. Quant au policier des services secrets, un certain Saïd, il est entré en possession de l'arme volée sans prévenir ses supérieurs. Une grave erreur professionnelle pour un agent au service de la sécurité du pays. Bref, on sait maintenant la provenance de l'arme à feu et pour ce qui est des menottes, c'est une autre histoire. Le policier a un frère qui a été renvoyé de l'école l'année dernière. Pour subvenir à ses besoins, il fait ce qu'il peut. C'est lui qui va être impliqué dans l'affaire des menottes. L'enquête a révélé dans un premier temps qu'elles ont été achetées à un fonctionnaire, gardien à la prison de Salé. Les policiers ont découvert que les menottes appartiennent à un inspecteur de police du commissariat de Casa-Anfa. L'inspecteur en question se charge de transporter les détenus incarcérés à la prison de Salé, dans le cadre de la loi antiterroriste, vers la Cour d'appel de Casablanca. Il y a quelques semaines, l'inspecteur avait fait une déclaration de perte auprès de ses responsables. D'après ses dires, il a perdu ses menottes entre la prison de Salé et la Cour d'appel de Casablanca. Quelques tentatives ont été faites auprès de la Direction de l'administration pénitentiaire. Sans résultat. Aucun des gardiens n'a ni vu ni entendu parler de menottes. Il s'est avéré par la suite que le gardien accusé travaille justement à la maison d'arrêt de Salé et se charge plus précisément du couloir réservé aux détenus terroristes. La relation est évidente mais, malgré tout, il continue de nier les accusations. Tous les mis en cause ont été présentés mardi devant la Cour d'appel de Rabat, accusés de détention d'arme à feu avec l'intention de commettre des délits ou des actes terroristes, association de malfaiteurs et non-dénonciation.