Le président de la commission de l'Intérieur à la Chambre des représentants, Mohamed Moubdiaâ, député de l'Union de la Mouvance populaire, estime que le maintien de l'ordre est une science qui nécessite une formation adéquate. ALM : Plusieurs cadres de la DGSN se sont réunis à Marrakech pour discuter des moyens nécessaires au renforcement de l'action de la police marocaine. Quelle est votre réaction à ce sujet? Mohamed Moubdiaâ : C'est sans aucun doute une première et une initiative louable. Vous savez, la sécurité est un élément hautement important aux yeux des politiques, certes, mais des citoyens et des acteurs économiques aussi. Le Maroc a ses particularités, ses moyens et ses traditions. L'ouverture, pour ne pas dire la métamorphose positive, en matière de démocratie et de respect des droits de l'homme, mérite un accompagnement sécuritaire certain. Le but étant d'éviter tout dérapage. Malgré certains actes isolés d'insécurité, force est de constater, aujourd'hui que la sécurité au Maroc est maîtrisée. En clair, nous n'avons pas au Maroc de phénomène des crimes organisés. Pour ce qui est du terrorisme, c'est une lutte continue. Elle nécessite une coordination internationale accrue. Et là aussi, le Maroc est donné en exemple. Ceci dit, la police marocaine a encore d'énormes efforts a fournir, essentiellement en matière de proximité. Justement. On avance souvent la question de la rémunération des agents de police. Est-ce suffisant? Effectivement, la rémunération des agents de police est une question essentielle à prendre en considération dans la politique de promotion de l'action de ce corps. Aujourd'hui, certains cadres de la police ont déjà bénéficié d'indemnités spéciales relatives aux risques qu'ils encourent lors de l'exercice de leur fonction. Cette année, une deuxième tranche a été débloquée dans le même sens. Mais tout cela reste insuffisant, compte tenu de l'importance de l'action des policiers. Vous avez parlé de la proximité. La réhabilitation des commissariats fait-elle partie de cette politique? Bien évidemment. Je pense même que c'est un chantier prioritaire. Les commissariats doivent être plus accueillants et plus hospitaliers. Dans l'esprit populaire, l'image des commissariats est aujourd'hui synonyme d'agressivité et de rejet. La tâche qui incombe aujourd'hui aux responsables de ce secteur est de rehausser cette image de marque. Les Marocains doivent sentir que les commissariats et les policiers sont à leur service, pour les assister, les protéger et non pour les réprimer. La proximité signifie aussi une bonne couverture territoriale. Qu'en pensez-vous? Aujourd'hui, malheureusement, plusieurs villes marocaines ne comptent aucun policier. C'est le cas de Benslimane ou de la commune, de Sebt Ouled Nemma près de Beni Mellal. Seuls quelques gendarmes assurent la sécurité. Cette année, une centaine de nouveaux commissariats seront créés. Mais même là où il y a des commissariats, des efforts doivent être consentis. A ce titre, je tiens à préciser que l'état des commissariats n'est pas le seul problème, en matière d'image. C'est également le cas pour les véhicules, surtout les estafettes. Ce sont de véritables prisons ambulantes, avec des barreaux sur toutes les fenêtres. Parfois dans un piètre état mécanique, les estafettes reflètent inéluctablement l'image d'une police peu accueillante. Que pensez-vous du projet d'une nouvelle carte d'identité nationale? C'est un projet très intéressant. Cette nouvelle carte, bio-métrique, permettra d'emmagasiner beaucoup plus d'information sur son titulaire. Aussi, elle sera très difficilement falsifiable. En fait, il faut reconnaître que les responsables de la Sûreté nationale, et à leur tête le ministre de l'Intérieur et ses collaborateurs, fournissent des efforts considérables que nous commençons à sentir. La formation continue pour les policiers est-elle importante, selon vous? Oui, sans aucun doute. Comme vous savez, la criminalité évolue. La police est donc appelée à évoluer pour pouvoir la combattre. D'où l'importance de la formation et de la formation continue. Le maintien de l'ordre et la répression du crime sont une science qui a ses règles. Ça ne s'improvise pas. Lors de la réunion de la DGSN à Marrakech, le week-end dernier, il a été question, entre autres, de l'échange d'informations entre les différents agents et services de la police. C'est très important, car cela aura tendance à créer une sorte de jurisprudence de la police, les uns profitant des expériences des autres. Que pensez-vous de l'idée de créer une police communale? Je pense que la police nationale peut parfaitement profiter des ressources humaines des collectivités locales. Les employés communaux peuvent être recyclés dans des tâches de police purement administratives et sociales. C'est une idée financièrement réalisable. Sans oublier que la sécurité est l'affaire de tous.