Le président de la Commission de l'Intérieur à la Chambre des représentants, Mohamed Moubdiaâ, estime que les walis et les gouverneurs forment un cadre fédérateur qui permettra aux élus d'agir selon une vision claire et surtout efficace. ALM : Que pensez-vous de la réunion des walis et gouverneurs tenue à Rabat en fin de semaine dernière ? Mohamed Moubdiaâ : Tout d'abord, il faut noter que cette initiative est la première du genre, où tous les walis et gouverneurs se retrouvent dans un même cadre assez large et exhaustif. Le but de ce séminaire a été, bien évidemment, de mettre en place les jalons de l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH) lancée par SM le Roi Mohammed VI. Cette initiative a déjà été mise en place intellectuellement. Le séminaire a permis de mettre l'Administration territoriale au parfum. En d'autres termes, grâce à cette approche, les walis et les gouverneurs vont pouvoir mettre le doigt sur les problèmes immédiats des citoyens. Lors de ce séminaire des walis et gouverneurs, il a également été question du renforcement de la déconcentration. Qu'en pensez-vous ? C'est un élément, à mon avis, extrêmement important. Les agents d'autorité doivent avoir les moyens de prendre la décision de manière immédiate en répondant aux attebtes des citoyens dans les régions. En clair, il ne fait aucun doute que la consolidation de la politique de déconcentration choisie par le Maroc depuis plusieurs années est aujourd'hui nécessaire car c'est un élément-moteur de la mise en œuvre et la réussite de l'Initiative nationale pour le développement humain. Selon vous, la réussite de l'INDH est-elle tributaire uniquement de l'implication des walis et des gouverneurs ? Non. Absolument pas. La mobilisation de l'ensemble des intervenants est une condition sine qua non pour la réussite de l'Initiative lancée par le Souverain. Par ces intervenants, j'entends non seulement les élus mais également les acteurs associatifs locaux et les opérateurs économiques. Certes, les walis et les gouverneurs sont chargés de l'encadrement et la gestion de la mise en œuvre de l'Initiative nationale pour le développement humain. Mais les autres intervenants ont également un rôle à jouer dans une approche intégrée où tous les efforts sont conjugués pour un même objectif : le développement socio-économique des citoyens. Mais justement, ne pensez-vous pas que l'octroi d'importantes prérogatives aux walis et aux gouverneurs peut occulter ou du moins limiter le champ d'action des élus, par exemple ? Il ne s'agit pas de remettre en question les acquis des élus. Au contraire. Il s'agit d'une complémentarité entre l'action des élus d'une part et celle des agents d'autorité d'autre part. Ces derniers forment un élément fédérateur qui permettra aux élus d'agir dans le cadre d'une vision claire et surtout efficace. Ce cadre fédérateur peut servir éventuellement à la sensibilisation des élus au niveau local. A titre d'exemple, si un élu est porteur d'un projet créateur de richesse pour les citoyens, il sera exécuté de manière rapide dans le cadre d'une vision globale tracée par l'élu lui-même en étroite collaboration avec le gouverneur, les ONGs locales et les opérateurs économiques. C'est un travail d'équipe dont le bénéficiaire n'est autre que le Marocain. Certains voient en l'implication des walis et gouverneurs une manière d'éviter que l'INDH soit utilisée à des fins électoralistes par les élus. Qu'en dites-vous ? Comme je vous le disais le premier et dernier bénéficiaire de l'Initiative nationale pour le développement humain est le citoyen marocain. Dans ce vaste chantier qui n'est pas limité dans le temps, tout le monde doit jouer son rôle, y compris les élus. A ce sujet, je pense qu'il ne faut pas se placer dans une optique de scepticisme. Il est du devoir des élus de travailler et de veiller à la réussite des projets dont bénéficient les citoyens. Un élu est là pour ça. Et s'il agit pour le bien de la communauté, son action mérite d'être saluée et même récompensée par la confiance des électeurs.