Une nouvelle majorité relative menace les coalitions traditionnelles au Parlement. Si l'UD rejoint le groupe du MP-MNP, la Mouvance populaire comptera au moins 75 députés. Loin derrière, l'Istiqlal occupera la deuxième place avec 57 députés. L'USFP et le RNI sont les plus grands perdants. A quelques jours seulement de l'ouverture de la session parlementaire d'octobre, les partis politiques s'activent pour serrer leurs rangs. Leur principal souci est maintenant de connaître leur valeur… quantitative. En d'autres termes, les politiques cherchent à savoir quelle est la formation ou plus exactement le groupe parlementaire qui compte le plus grand nombre de députés. C'est à partir de ce chiffre que chaque parti récoltera telle ou telle commission parlementaire ou vice-président de la Chambre, mais surtout tel ou tel avantage parlementaire (voyages, lignes téléphoniques, matériels de bureaux… bref, une question de prestige avant toute chose. En tout cas, les marchandages politiques vont bon train. Chaque parti veut s'assurer un maximum de nouveaux députés ou du moins garder ceux qu'il avait lors de la dernière session parlementaire. Le mastodonte politique sera certainement le groupe de la Mouvance populaire. Il risque de pulvériser tous les records. Jusqu'à la dernière session parlementaire, le Mouvement populaire (MP) de Mohand Laenser et le Mouvement national populaire (MNP) de Mahjoubi Ahardane étaient regroupés autour d'un seul et même groupe, et ce dans les deux Chambres parlementaires. A la Chambre des représentants, il ne comptait pas moins de 48 députés. Aujourd'hui, il est question que le groupe de l'Union démocratique (UD) de Bouâzza Ikken les rejoigne. Ce dernier est fort de 28 membres, uniquement dans la Chambre des représentants. Ce qui leur fait un total de 76 députés. Ceci sans oublier Hassan Derham, le député de Laâyoune-Marsa démissionnaire, il y a quelques jours seulement, de la formation d'Ahmed Ossman, le Rassemblement national des Indépendants (RNI) et qui a la ferme intention de rejoindre le parti de Mohand Laenser. Selon toute vraisemblance, le risque que d'autres RNIstes quittent le navire d'Ahmed Ossman n'est pas totalement exclu, en raison des divergences internes dans le parti. Le RNI ne comptant plus que 39 députés. Quant à l'Istiqlal, il se prépare depuis bien longtemps à cette échéance. Le parti d'Abbas El Fassi est incontestablement le plus fort, avec déjà 53 députés. Sans compter l'arrivée surprise dans les rangs de l'Istiqlal d'Ali Keyyouh, le puissant député de Taroudant, anciennement affilié au PND. Kayyouh est exhibé comme trophée par l'Istiqlal, qui serait même en train de le convaincre de rallier vers le parti d'El Fassi d'autres députés de la région. Une mission d'une extrême simplicité pour Kayyouh. En plus des 53 qu'il compte déjà, l'Istiqlal pourrait gagner trois à quatre nouveaux députés. Ce qui lui fait un maximum de 57. Le plus grand perdant de cette bataille des chiffres est sans doute l'USFP. Après avoir perdu deux députés dans les élections partielles de Salé, le parti de Mohamed Elyazghi ne compterait plus que 49 députés. Sauf surprise de dernière minute, l'USFP devrait donc perdre sa place de leader, lui donnant ainsi droit à la priorité en matière de privilèges parlementaires. Parmi ces derniers, figure la présidence de la commission des Finances. Un poste que se sont disputé, l'année dernière, l'USFP et l'Istiqlal. Ce dernier avait cédé, après l'intervention personnelle du Premier ministre pour calmer les esprits. Aujourd'hui, l'Istiqlal attend de voir si effectivement les trois partis de la mouvance vont se réunir en un seul et même groupe. C'est la raison pour laquelle le groupe istiqlalien se réunira le 4 octobre, au lendemain de la réunion du groupe de la mouvance. Mais d'ores et déjà, des contacts semblent entrepris entre l'Istiqlal et les partis de la Mouvance populaire. L'Istiqlal veut coûte que coûte arracher la commission des Finances à l'USFP. Selon le président du groupe de la mouvance, Masaoud Mansouri, "si le problème se pose, nous seront prêts à trouver un compromis avec les partis membres de notre coalition gouvernementale". Toutefois, Mansouri ne cache pas son désir de voir la Mouvance populaire présider la commission législative, un poste actuellement occupé par le PJD. Autre surpise: le PND et l'UC vont continuer à constituer un groupe en commun. C'est ce qu'a assuré le président de ce groupe, le PND Abderrahmane Mettioui. L'alliance PND-PRD n'a donc altéré en rien le mariage parlementaire entre Kadiri et Abied. Quant au PJD, il compte accueillir en son sein un nouveau député, venu du MNP. Il s'agit de Amara Tamara, élu de la région de Chichaoua. Pour le député du PJD, Abdelqader Amara, membre du secrétariat général, "l'accueil du député de Chichaoua n'est en rien un encouragement à la transhumance, car ce député, connu pour son intégrité, a lui-même insisté pour rejoindre le PJD". Enfin, l'alliance socialiste (PPS, PSD et Al Ahd) continuera à compter 21 députés. A la veille de l'ouverture qui se déroulera le 8 octobre, tous les groupes seront constitués. Et juste après le discours royal, la Chambre des représentants se réunira en séance plénière pour élire les présidents des commissions et les vice-présidents de la Chambre.