Jamais la rémunération des comptes sur carnet n'est descendue aussi bas Si l'actuel contexte d'amélioration des liquidités bancaires a fait baisser les taux du crédit de manière notable (le coût du crédit à la consommation est passé en moyenne de 7,27% début 2015 à 6,64% au troisième trimestre 2016, selon les derniers chiffres de Bank Al-Maghrib, et le crédit immobilier a chuté de 5,98 à 5,34% sur la période) au bonheur des clients, ceux-ci voient aussi leur épargne être bien moins rémunérée que par le passé. Les établissements de la place étant en effet moins dépendants des ressources de la clientèle, ils se montrent moins généreux sur leur rémunération. Si l'on s'intéresse d'abord aux dépôts à terme (DAT), leur taux a pratiquement continuellement chuté depuis le début de l'année. Le taux moyen pondéré des comptes à 6 mois, communiqué par BAM, est ainsi passé de 3,44% en décembre 2015 à 2,81% en septembre dernier (derniers chiffres disponibles), tandis que ceux à 12 mois ont perdu 60 points dans l'intervalle passant de 3,94 à 3,34%. Le taux de rémunération moyen global des DAT s'est ainsi érodé de 50 points passant de 3,79 à 3,11% sur la période. Et dire que tout juste en décembre 2014 ce même taux approchait les 4%. Au niveau des agences bancaires, cette cure de minceur des taux des DAT se matérialise naturellement par des rémunérations moins importantes pour la clientèle standard qui se voit appliquer les taux prévus par les grilles tarifaires de chaque établissement, sans pouvoir les négocier. Mais même les épargnants qui parvenaient à obtenir des taux bonifiés en faisant valoir différents arguments (importance du courant d'affaires drainé au bénéfice de la banque, consistance des montants placés...) sont moins bien lotis actuellement. Alors qu'ils parvenaient à obtenir systématiquement des bonifications de 25 points sans forcer la négociation, l'octroi d'un tel avantage n'est plus aujourd'hui du ressort du directeur d'agence et la décision en revient aux directeurs de réseaux, voire aux niveaux hiérarchiques supérieurs si le client demande plus, font savoir les professionnels. Même lorsque l'épargnant a déjà bénéficié d'un taux bonifié par le passé, il est beaucoup plus difficile de négocier le renouvellement de cet avantage. En effet, les banques n'hésitent pas à rejeter les demandes dans ce sens ou en tout cas elles n'y répondent pas pleinement, font savoir les opérateurs. Et cela ne se limite pas qu'aux particuliers. Les banques donnent aussi de moins en moins une suite favorable aux requêtes des institutionnels (qui pourtant placent des montants conséquents) peu importe si cela suppose d'abandonner leurs dépôts à la concurrence. Comment la dégringolade des intérêts des comptes rémunérés impacte les montants qui y sont investis Les intérêts des comptes sur carnet ne se portent pas mieux. Pour rappel, ces placements sont rémunérés selon un taux minimum fixé par BAM (à l'opposé des DAT dont la rémunération est librement déterminée par les banques). Celui-ci est indexé sur les bons du Trésor à 52 semaines, dont les taux ont eux-mêmes baissé du fait du faible appétit du Trésor et de l'amélioration des conditions de liquidité des investisseurs. Cela a enfoncé le taux du compte sur carnet à un plus bas jamais vu. Le taux minimum à appliquer par les banques à ces placements (tous les établissements s'alignent sur le plancher réglementaire) est fixé à 1,66% pour le deuxième semestre 2016. Jamais la rémunération des comptes sur carnet n'est descendue aussi bas même lorsqu'on remonte à la toute première communication de taux minimum de BAM, datant de 1983 ! La question se pose à présent de savoir comment cette dégringolade des intérêts des comptes rémunérés impacte les montants qui y sont investis. En s'attardant sur les dernières statistiques monétaires publiées par BAM à fin octobre, il apparaît que l'engouement historique des épargnants pour les comptes sur carnet demeure intact. L'encours de ces placements auprès des banques a augmenté de près de 5% depuis le début de l'année à 145,2 milliards DH, à comparer avec une hausse de l'ensemble des dépôts bancaires (rémunérés et non rémunérés) de juste 1,7%, à 829,6 milliards DH sur la même période. Faut-il du reste s'étonner de cette santé de fer quand on sait que les ménages ne disposent quasiment pas d'alternatives de placement offrant la même flexibilité. En revanche, les DAT accusent le coup étant donné que leur encours régresse de 3,1% sur les 10 premiers mois de l'année à 166,2, milliards DH, ce qui porte à croire que les épargnants plaçant leur argent dans ces instruments ne sont pas insensibles à la baisse des taux.