Le clivage, longtemps reproché à l'Université française, entre les études académiques et la vie pratique a tendance à s'estomper progressivement en France. Universités et entreprises se rencontrent davantage et définissent les objectifs des filières. La forte croissance économique qu'a connue la France depuis 20 ans et la demande de cadres de la part des entreprises, à laquelle s'est ajouté le désir d'une partie de la population d'acquérir une formation qui lui permettra d'accéder à des emplois qualifiés, à responsabilité et à rémunération satisfaisante, ont incité les universités françaises à développer les formations professionnalisantes. Ce développement a pris deux formes : Tout d'abord, en termes de filières, les trois cycles traditionnels d'études ont été dotés de diplômes à vocation professionnelle. En premier cycle, les Instituts universitaires de technologie (IUT) ont connu une croissance remarquable, quelle que soit la discipline concernée. En deuxième cycle, le nombre de filières professionnalisantes n'a cessé d'augmenter, en particulier dans le domaine de la gestion. La maîtrise de sciences de gestion a connu un vif succès depuis sa création dans les années 70. On compte actuellement une trentaine de MSG regroupées pour la plupart dans l'Association des maîtrises de sciences de gestion et dont l'accès s'effectue par le biais du concours Message. La maîtrise d'informatique appliquée à la gestion (MIAGE) a permis d'introduire la pluridisciplinarité et de former des étudiants aptes à travailler dans les deux domaines concernés. L'ouverture des instituts universitaires professionnalisés date des années 90. Le cursus se déroule sur trois ans et est ponctué de stages d'une durée variable. Les instituts concernent la plupart des sciences enseignées dans l'Université et sont présents partout en France dans des domaines aussi variés que le tourisme ou la science des matériaux. Enfin, les premières sciences professionnelles ont été ouvertes, il y a deux ans. En troisième cycle, les DESS offrent aux étudiants un cursus leur permettant de trouver assez facilement un débouché en entreprise à l'issue du stage obligatoire de fin d'études. En termes de forme de suivi des études, le système universitaire français propose deux modes de participation aux cursus des trois cycles : La formation continue s'adresse aux salariés ou demandeurs d'emplois justifiant du diplôme adéquat pour entrer dans la filière ou d'une expérience professionnelle ou associative d'au moins trois ans. Cette dernière est appréciée par une commission, dite de validation des acquis de l'expérience (VAE), composée d'enseignants et de professionnels. Les diplômes peuvent être délocalisés dans des pays étrangers, comme dans le cas du DESS finances d'entreprise de l'université d'Evry Val d'Essone à Casablanca. L'apprentissage, enfin, s'adresse aux étudiants de moins de 26 ans. Ceux-ci, des apprentis, au terme de l'habilitation délivrée par la région, travaillent dans une entreprise tout en étudiant à l'université. Le contrat, qui inclut des compensations financières, impose à l'employeur de permettre à ses apprentis de se rendre une partie de la semaine à l'université. Celle-ci reçoit de son côté une aide de la région qui couvre ses frais de fonctionnement pour l'accueil de ces apprentis. Cette formule de création récente connaît un succès à la fois auprès des entreprises et des jeunes. Le clivage, longtemps reproché à l'Université française, entre les études académiques et la vie pratique a tendance à s'estomper progressivement en France. Universités et entreprises se rencontrent davantage, concrètement dans les conseils de perfectionnement qui définissent les objectifs des filières. Cette interaction bénéficie aux jeunes français et, tout en leur donnant un niveau adéquat de connaissances académiques, les forme à la vie professionnelle qu'ils doivent affronter à la fin de leurs études. • J.D. Avenel, professeur des Universités J.P. Negre, directeur de la formation continue à l'Université d'Evry Val d'Essonne