L'augmentation de la taxe d'abattage pratiquée dans les nouveaux abattoirs est à l'origine de la crise actuelle. Les chevillards se trouvent entre trois interlocuteurs aux objectifs divergents : la Wilaya, la CUC et le gestionnaire délégué. Et le consommateur paie le prix. Lundi 26 août. Les chevillards de Casablanca entrent dans une grève de deux jours, en guise de protestation contre la prolifération de l'abattage clandestin dans certaines zones de la capitale économique et l'augmentation des taxes d'abattage pratiquées dans les nouvelles installations. Le premier jour du débrayage, les services de la Wilaya expliquent cette grève par le fait que la transparence qui règne dans les nouveaux abattoirs gêne certains chevillards. Chose qui a suscité la colère de ces derniers, qui décident de proroger leur manifestation, à deux reprises, jusqu'à ce dimanche. Un bras de fer qui ne date pas d'hier. En effet, depuis le transfert des anciens abattoirs aux nouveaux locaux, qui a fait beaucoup de bruit, les professionnels ne cachent pas leurs mécontentements à propos de la perte de certains emplois et les répercussions négatives qu'aurait ce transfert sur le secteur des viandes rouges à Casablanca en cas d'une gestion qui ne préserve pas leurs intérêts. Aujourd'hui, ce bras de fer tourne autour de l'augmentation de la taxe et l'abattage clandestin. Les autorités expliquent que la taxe, qui dépasse maintenant les cinq dirhams pour le kilogramme, est destinée à financer les équipements des nouveaux abattoirs, dont la construction a coûté la bagatelle de 700 millions de dirhams, financés en grande partie grâce à des prêts espagnols. Et pour l'abattage clandestin, on indique qu'une grande campagne contre ce fléau est entreprise. Les nouveaux abattoirs ont été construits dans le but d'accompagner, d'un côté, l'évolution démographique de la ville et, d'un autre, pour mettre un terme aux problèmes de la salubrité provoqués par les anciens abattoirs, et aux difficultés d'approvisionnement de la ville engendrant l'abattage clandestin. Cependant, l'augmentation de la taxe pratiquée dans les nouvelles installations provoque les mêmes problèmes et peut-être pire. Les bouchers, qui trouvent que la viande issue de ces abattoirs leur coûte cher et démunit leur marge de bénéfice, scrutent d'autres souks pour s'en approvisionner. Ils ont leurs raisons commerciales de procéder de la sorte. «Je paye les impôts, le loyer et d'autres charges. Le pouvoir d'achat des habitants, étant ce qu'il est. Ils trouvent la viande très chère. Je n'arrive pas à m'en sortir, et la vente au détail, 250, 500 grammes, complète le reste. Il vaut mieux s'approvisionner des souks de la région. Là aussi, il y a des vétérinaires qui examinent les viandes », affirme un boucher au quartier Hay Mohammadi. Et lorsque les bouchers ne s'approvisionnent pas des nouveaux abattoirs, les chevillards et les vendeurs de troupeaux payent le prix. Et le tout se répercute sur le consommateur final. Une question de calcul a conduit à cet état de choses. Les chevillards se trouvent désormais entre les autorités de la Wilaya, le gestionnaire délégué des nouveaux abattoirs et la Communauté urbaine de Casablanca. Trois interlocuteurs aux objectifs divergents. Un triangle de Bermudes.