La menace du sabotage pèse sérieusement sur les nouveaux abattoirs de Casablanca, entrés en fonction vendredi 17 mai. Les chevillards ont montré une réticence certaine à travailler dans la nouvelle structure. Les Casablancais consomment depuis vendredi 17 mai du mouton et du veau abattus selon les normes internationales. Cette petite révolution hygiénique, ils la doivent à la mise en fonction des nouveaux abattoirs de Casablanca, situés dans la préfecture de Sidi Othmane. Cependant, le démarrage s'est fait un peu dans le désordre à cause des problèmes sociaux occasionnés par la fermeture (difficile) de l'ancienne structure du quartier La Villette. La police a dû intervenir pour disperser un attroupement de différents employés qui n'ont pas été retenus pour exercer dans la nouvelle structure. En plus, il semble que nombre de chevillards ont boycotté les nouveaux locaux. Ce qui s'est répercuté sur le nombre des bêtes abattues et, partant, perturbé le marché local de la viande rouge en induisant une hausse sensible des prix dans nombre de boucheries. Même scénario samedi matin. Abattage de 400 ovins et de 324 bovins seulement contre respectivement 1000 et 324 habituellement ce jour de week-end. La baisse est importante. Comment expliquer la réticence des chevillards de travailler dans la nouvelle structure ? Un fin connaisseur des arcanes de cet univers souligne que les anciens abattoirs, compte tenu de leur mode de fonctionnement et la multitude des intermédiaires qui s'y affairaient, favorisaient toutes sortes de pratiques peu orthodoxes. Triche sur le pesage, paiement en nature (peau, tripes…). En un mot, tout le monde trouvait son compte. Le nouvel établissement géré par les Espagnols promet justement d'introduire une bonne dose de transparence dans le circuit : le chevillard livre sa bête et retrouve la carcasse au bout de la chaîne. Après avoir payé la taxe d'abattage, il prend sa marchandise et s'en va. Une autre mesure a dû certainement braquer les prfessionnels. Il s'agit de la nouvelle taxe de l'ordre de 1,55 Dhs par kilogramme, instituée par le Wali du Grand Casablanca. Une taxe supplémentaire qui vient s'ajouter à la taxe d'abattage habituelle perçue par la communauté urbaine et celle (0,72 centimes) récupérée par le gestionnaire espagnol (Vizcaino Gypsia Bejar). Cet impôt supplémentaire est destiné à alimenter un fond pour rembourser le crédit contracté, quelque 700 millions de Dhs, qui a permis la construction des nouveaux abattoirs. M. Benhima a exigé du régisseur de collecter cette taxe au profit du conseil de la communauté urbaine de Casablanca (CUC) et ce malgré la protestation des chevillards. En fait, le conseil de la CUC n'a même pas été consulté dans cette affaire. Décision unilatérale du wali qui en la prenant pensait certainement bien faire. Or, une telle taxe, en plus du fait qu'elle est illégale car non votée par les membres de la CUC, va renchérir le prix de la viande à la consommation. Répercutée sur le consommateur, c'est ce dernier qui trinque. Autrement dit, ce sont les Casablancais et non pas le budget de la ville qui vont devoir, selon la logique de M. Benhima, financer à leur corps défendant et à leur insu le coût des nouveaux abattoirs. M. Benhima en a décidé ainsi. Tout seul. À l'unanimité. Par ailleurs, l'abattage clandestin, qui représente actuellement 40% de la consommation dans l'axe Casa-Rabat, est une activité qui permet justement d'échapper aux taxes jugés déjà élevées. Avec le nouvel impôt Benhima, il va prendre des proportions encore plus importantes et induire une baisse du tonnage dans l'abattage légal au profit du marché informel. Avec tout ce que cela suppose comme risque pour la santé des citoyens.