La violence a repris ses droits au Proche-Orient où un Israélien et un Palestinien ont été tués mardi à Ghaza et en Cisjordanie. L'armée israélienne a lancé d'importantes incursions au lendemain du retrait de ses troupes de Beit Lahm. Un palestinien, membre des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, groupe armé lié au Fatah, a été tué lors d'échanges de tirs avec l'armée israélienne dans le camp de réfugiés de Tulkarem en Cisjordanie, où l'armée a mené une vaste opération de perquisitions. De son côté, un colon israélien a été grièvement blessé tôt le matin par des Palestiniens qui ont ouvert le feu à l'arme automatique contre son véhicule, près de la colonie juive de Névé Dekalim, dans la bande de Ghaza. Il a ensuite succombé. L'attaque a été revendiquée par la branche armée du Hamas. Selon un décompte fait par des agences de presse, ces deux décès portent à 2.450 le nombre de personnes tuées depuis le début de l'Intifada en septembre 2000, dont 1.804 côté palestinien et 602 côté israélien. Des chars et des jeeps, appuyés par des hélicoptères, ont pénétré à l'aube à Tulkarem, où une quinzaine de Palestiniens recherchés ont été arrêtés et le couvre-feu imposé. Des chars et sept véhicules blindés ont en outre pénétré dans la localité de Doura, près d'Al-Khalil (Hébron, sud de la Cisjordanie) où plusieurs dizaines de Palestiniens ont été arrêtés pour interrogatoire. Deux Palestiniens ont par ailleurs été arrêtés à Ramallah, et un troisième à Salfit. Ces violences sont intervenues après le retrait lundi soir des troupes israéliennes de Beit Lahm et des localités avoisinantes de Beit Sahour, Beit Jala ainsi que du camp de réfugiés de Dheishé, dans le sud de la Cisjordanie, en vertu d'un accord conclu dimanche avec l'Autorité palestinienne. L'armée d'occupation a annoncé le retrait de ses troupes de Beit Lahm et de leur redéploiement autour de la ville pour «permettre aux Palestiniens d'agir contre le terrorisme et restaurer une vie normale pour la population». Une centaine de policiers palestiniens armés sont arrivés à Beit Lahm pour prendre le contrôle de la sécurité. Les secteurs évacués avaient été réoccupés en juin dans le cadre d'une offensive militaire lancée après des attentats meurtriers en Israël. L'accord auquel sont parvenus Binyamin Ben Eliezer, le ministre israélien de la Défense et Abdelrazak Al-Yahya le ministre palestinien de l'Intérieur porte sur un retrait graduel de l'armée des zones autonomes réoccupées depuis le début de l'Intifada en septembre 2000, en commençant par Ghaza et Beit Lahm. L'Autorité palestinienne doit prendre le contrôle des zones évacuées, où elle aura la charge de préserver le calme et d'empêcher que ces zones servent de base arrière à des attaques contre Israël. Le plan pourrait, après une réduction des violences, se traduire par un repli progressif de l'armée sur ses positions d'avant septembre 2000. Le Hamas et le Jihad islamique, ainsi que les Brigades des martyrs Al-Aqsa, le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP) et le Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP), deux organisations de gauche basés à Damas, ont rejeté l'accord et se sont engagés à poursuivre la lutte contre l'Etat hébreu. Sur un tout autre plan, Yasser Abed Rabbo, le ministre palestinien de l'Information dirigera la délégation palestinienne qui examinera cette semaine à Paris les réformes engagées par l'Autorité palestinienne avec les principaux acteurs internationaux au Proche-orient (USA, UE, Russie et ONU), a annoncé mardi Ghassan Al-Khatib, le ministre palestinien du Travail. Celui-ci a ajouté que la délégation serait formée de neuf personnes dont lui-même, le nouveau ministre des finances Salam Fayad et le ministre de l'Economie Maher Al-Masri, ainsi que des représentants du secteur privé et d'ONG. Les représentants du quartette (usa, ue, russie et onu), du Japon, de la Norvège, de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (FMI), ainsi que des représentants du gouvernement israélien participeront à la réunion prévue les 22 et 23 août à paris. Lors de sa première réunion début juillet à Londres, le quartette avait annoncé la création d'un groupe de travail chargé notamment d'établir les besoins prioritaires des palestiniens lorsqu'ils engageront leurs réformes dans les domaines de la sécurité, de la justice et de l'économie. Les Palestiniens ont annoncé en juin un programme de réformes sur 100 jours devant précéder la tenue d'élections annoncées pour début 2003. Selon M. Al-Khatib, la délégation informera les pays donateurs de l'état des réformes entreprises par l'Autorité palestinienne et discutera avec eux « du financement et des mesures nécessaires» pour mener à bien ces réformes.