L'attaque suicide de lundi à Afoula, la cinquième en 48 heures, a encore fragilisé le processus de dialogue entre Palestiniens et Israéliens. L'Etat hébreu, en état d'alerte, a bouclé les territoires. La violence a repris ses droits. Ariel Sharon n'offre pas d'alternative à la violence. Dans un cinquième «message» adressé en deux jours tant au gouvernement Sharon qu'à celui de Mahmoud Abbas, une kamikaze palestinienne s'est faite exploser lundi à l'entrée d'un centre commercial de Afoula, dans le nord d'Israël. Trois personnes ont été tuées et une trentaine d'autres blessées. Cet attentat a été revendiqué par le Djihad islamique, qui a précisé que son auteur était une jeune femme de 19 ans, Hiba Azem Saïd Daraghma, originaire de Toubas et étudiante en anglais. Les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa ont également revendiqué mardi l'attaque survenue après quatre autres perpétrées depuis samedi soir par le Hamas. Et même si le mouvement a expliqué dès dimanche que les tractations politiques menées entre Palestiniens et Israéliens n'étaient pas en cause, ces attentats ont nettement affaibli ces récents efforts en faveur de la paix. Samedi soir, l'attaque d'Hébron avait d'ailleurs coïncidé avec la première rencontre entre Ariel Sharon et Mahmoud Abbas… A la suite de ces violences, condamnées par la direction palestinienne, le Premier ministre israélien avait reporté une rencontre prévue mardi à la Maison-Blanche avec le président américain George W. Bush. Depuis dimanche, l'armée israélienne a imposé un bouclage total des territoires palestiniens. Des milliers de policiers ont aussi été déployés dans les centres villes israéliennes, près des arrêts d'autobus et des centres commerciaux. L'armée a également renforcé ses patrouilles le long de la Cisjordanie pour tenter d'éviter l'infiltration de kamikazes Les militaires se sont par contre retirés mardi de la localité de Beit Hanoun et de ses environs dans le nord de la bande de Ghaza, un secteur où ils ont mené d'importantes incursions depuis jeudi. Officiellement lancées pour empêcher des tirs de roquettes Qassam vers le sud du territoire israélien, elles ont entraîné la destruction de 14 maisons, des réseaux de distribution d'eau, d'électricité, des lignes de téléphone… D'autres habitations ainsi qu'une mosquée ont été endommagées par les militaires qui ont également déraciné des arbres fruitiers et des oliviers sur 150 hectares. De son côté, le Premier ministre palestinien a procédé à d'importants changements dans le cadre de ses efforts pour reconstruire les forces de sécurité palestiniennes. Le général Abdelhay Abdelwahed a ainsi été nommé mardi vice-ministre de l'Intérieur et chef de la défense civile. Le général Mahmoud Asfour est désormais le chef de la police et également vice-ministre de l'Intérieur. Ces choix permettront-ils à Abou Mazen de désarmer les groupes palestiniens, objectif qu'il s'est fixé en prenant ses fonctions le 19 mars dernier ? Le Hamas comme le Djihad islamique ont déjà fait savoir au Premier ministre qu'ils ne comptaient pas rendre les armes alors que cette mesure fait partie des priorités de la phase 1 du plan de paix international. Une première étape qui n'a jusqu'à présent abouti à rien de concret. Samedi, le premier sommet Sharon-Abbas s'était achevé sans accord sur l'application de la feuille de route, que l'Etat hébreu continue de rejeter, et de vouloir modifier avec les Etats-Unis. Le gouvernement israélien refuse toujours de retirer ses forces d'occupation des territoires et de geler sa politique de colonisation. Il réclame au contraire un arrêt des actes «terroristes» palestiniens avant toute discussion. L'Autorité ne cesse de son côté de répéter que de tels efforts sont impossibles si les troupes israéliennes continuent leurs opérations d'agression en Cisjordanie comme dans la Bande de Ghaza. Autant dire que les cinq attentats vont porter un nouveau coup dur aux efforts diplomatiques déjà mis à mal par un manque de volonté flagrant de la part de l'Etat hébreu. La première phase de la feuille de route, censée aboutir à la création de l'Etat palestinien en 2005, se termine pourtant à la fin du mois.