Après la bande de Ghaza, Beit Lahm va à son tour être évacuée par l'armée israélienne aujourd'hui. Autre signe d'apaisement entre les deux camps, Ariel Sharon et Abou Mazen devaient se rencontrer hier. Israéliens et Palestiniens se sont-ils réellement engagés dans l'application de la “feuille de route” du Quartette ? La première phase de ce plan de paix international, même si elle a déjà pris du retard par rapport au calendrier initial, semble effectivement en bonne voie. L'accord inter-palestinien conclu dimanche sur un cessez-le-feu de trois mois a déjà été suivi du retrait de l'armée israélienne du nord de la Bande de Ghaza. La fin des violences et celle de l'occupation figurent en tête des mesures nécessaires pour le règlement du conflit censé aboutir à la création d'un Etat palestinien d'ici 2005. Elles n'ont cependant été que partiellement respectées puisque le retrait israélien ne concerne pas la totalité des territoires et que la trêve n'est que temporaire. Autant dire que la méfiance est toujours de mise au bout de près de trois ans d'Intifada et d'attaques mutuelles… Autre point à négocier : le gel de la colonisation et le démantèlement de la centaine de points de peuplement sauvages encouragés par le gouvernement Sharon. Cette autre exigence de la “feuille de route” s'est déjà heurtée à l'opposition des extrémistes israéliens lorsque leur Premier ministre s'y est engagé début juin à Aqaba. Présent à ce sommet initié par le président Bush, Abou Mazen avait lui aussi subi les foudres du Hamas et des autres groupes armés palestiniens. Dimanche, ces factions, rejointes le lendemain par les Brigades des martyrs d'al-Aqsa, ont finalement opté pour un cessez-le-feu. Les colons feront-ils à leur tour des concessions ? Ce volet de la “feuille de route” devait sans doute être abordé par les Premiers ministres Mahmoud Abbas et Ariel Sharon lors de leur rencontre – la troisième depuis la prise de fonction d'Abou Mazen fin avril – prévue mardi soir à Jérusalem. Le chef du gouvernement israélien a aussi prévu d'évoquer la question des quelque 5.000 détenus palestiniens, dont l'Autorité et les mouvements armés réclament la libération. Il a demandé à ses services du Shin Beth de lui dresser une liste détaillée des Palestiniens incarcérés afin d'examiner lesquels pourraient être relâchés. Les deux hommes devaient enfin confirmer le retrait prévu de l'armée israélienne de la ville cisjordanienne de Beit Lahm et des localités environnantes Beit Sahour, Beit Jala et de el-Khader, placées sous l'autorité – tout comme le nord de la bande de Ghaza – des forces de sécurité palestiniennes. Malgré ce climat d'apaisement, si encourageant soit-il, pour l'Etat hébreu il n'est toujours pas question de parler de levée du blocage des territoires ou de la fin de l'occupation. Pour les Palestiniens, le désarmement des groupes armés n'est pas non plus à l'ordre du jour même si Abou Mazen s'y est engagé. Sur le terrain par ailleurs, des incidents continuent d'être rapportés. Mardi, un Palestinien a attaqué un barrage de l'armée israélienne près de Tulkarem, en Cisjordanie, et les soldats l'ont abattu. La veille, une fusillade revendiquée par une cellule cisjordanienne des Brigades des martyrs d'al-Aqsa, avait coûté la vie à un ouvrier bulgare dans le nord.