Prévue pour la fin de la semaine, la rencontre entre les Premier ministres palestinien et israélien se prépare dans un climat de tension. Colin Powell a réaffirmé mardi à l'intention de Tel-Aviv que la feuille de route resterait inchangée. Les Etats-Unis ne réécriront pas la feuille de route. C'est en tout cas ce qu'a déclaré mardi le chef de la diplomatie américaine depuis la capitale jordanienne. Avant de partir pour l'Arabie saoudite, Colin Powell s'est voulu plus ferme à l'égard de son allié israélien qui multiplie les déclarations et les actes contradictoires, illustrant son refus du plan de paix du Quartette. Si les Palestiniens ont accepté la fameuse feuille de route, l'Etat hébreu veut y intégrer ses 15 remarques et surtout annuler le gel prévu de sa politique de colonisation en territoire palestinien et le retrait immédiat de son armée. Deux clauses sans lesquelles Mahmoud Abbas ne peut concrétiser ses efforts de démilitarisation des groupes palestiniens. Défié dimanche par Ariel Sharon -qui espère encore trouver écho auprès du président Bush le 20 mai à la Maison blanche- Colin Powell n'a donc pas manqué de rappeler mardi que la feuille de route est le «seul chemin» vers la paix. Les Israéliens «ont certains commentaires à faire (...) que nous écouterons mais nous ne prévoyons pas de réécrire ou de renégocier le plan», a affirmé M. Powell. Et de souligner que des progrès ne pourraient être réels que si Israël affiche une certaine souplesse et qu'en contrepartie, les Palestiniens prennent des mesures concrètes pour réduire le risque d'attentats. Si pression américaine il y a désormais sur son allié israélien, Ariel Sharon continue pourtant de l'admettre. Lors d'un entretien au Jerusalem Post mardi, il a même déclaré que la question des colonies «n'est pas quelque chose dont quiconque s'occupe aujourd'hui (...). Il n'y a des pressions de personne». D'ailleurs, après avoir annoncé leur démantèlement il y a dix jours, le Premier ministre a assuré que les implantations de Beit El et Shilo, en Cisjordanie seraient maintenues. «Les juifs continueront d'y vivre», a-t-il affirmé. Ce revirement s'inscrit dans une série de gestes verbaux apaisants contredits par les faits, comme lors de la levée du bouclage dans la Bande de Ghaza et en Cisjordanie. Annoncée pour dimanche matin, elle a été annulée dans la soirée pour le premier secteur… Poussé par les radicaux de son parti du Likoud, Ariel Sharon a par ailleurs laissé entendre qu'il boycotterait le haut représentant de l'Union européenne pour la politique extérieure Javier Solana. En visite dans la région mercredi, celui-ci a déjà dit qu'il rencontrerait Yasser Arafat. Le Premier ministre semble par contre prêt à s'entretenir avec son homologue palestinien. Cette première entrevue entre les deux hommes est prévue pour vendredi, au plus tard samedi. «Le principal sujet de discussion portera sur les mesures que compte prendre le nouveau gouvernement palestinien pour démanteler et désarmer les organisations terroristes», a indiqué lundi un responsable israélien. Côté palestinien, Mahmoud Abbas devrait réitérer son appel à l'acceptation par Ariel Sharon de la feuille de route. Dans le nord d'Israël, 14 Arabes israéliens du Mouvement islamiste, soupçonnés de blanchiment d'argent au profit du Hamas, ont par ailleurs été arrêtés mardi par la police israélienne. Parmi eux, figure le chef de la faction la plus radicale du mouvement Raëd Salah. Cinq colons et six militaires israéliens ont pour leur part été blessés par des tirs de mortiers palestiniens dans le sud de la bande de Ghaza. En Cisjordanie, l'armée israélienne a détruit la maison d'un militant du Hamas et arrêté six Palestiniens.