Pressé par les Etats-Unis, le gouvernement israélien a fini par accepter dimanche la «feuille de route». Sharon compte bien en tirer des dividendes. Le Premier ministre israélien a déclaré dimanche à ses ministres que «la feuille de route» était à ses yeux un «moindre mal». Lors du débat très attendu sur l'adoption par son cabinet de ce plan de paix, il a avoué que « lui non plus n'appréciait pas le document en question, tentant ainsi de calmer les critiques de l'aile la plus extrémiste de son gouvernement. Sans compter l'opposition de plusieurs membres de son parti, le Likoud, comme le ministre sans portefeuille, Uzi Landau. Celui-ci a déclaré avant la réunion que «la feuille de route» et les assurances américaines étaient «une pilule de cyanure que l'on veut faire passer pour un bonbon». Si les plus radicaux, comme l'Union Nationale et le Parti National Religieux, avaient déjà annoncé qu'ils voteraient contre, M. Sharon a réussi à obtenir la majorité des votes avec 12 voix pour l'adoption du plan de paix, (7 contre et 4 abstentions). Pour autant, si le gouvernement israélien a été largement poussé par la Maison Blanche dans la voie du dialogue avec les Palestiniens, il ne fait nul doute qu'il attend à son tour un geste du président américain. L'avenir de «la feuille de route» se jouera certainement lors de la prochaine rencontre prévue entre Ariel Sharon et George W. Bush. Son acceptation par Tel-Aviv n'est-elle pas la conséquence de la promesse faite vendredi par le secrétaire d'Etat américain ? Colin Powell avait alors déclaré que les Etats-Unis prendraient en compte les réserves de l'Etat hébreu. En réponse, le Premier ministre israélien avait laissé entendre qu'il «pourrait» accepter le plan de paix… Dans un entretien publié dimanche par le quotidien Yedioth Ahronoth, Ariel Sharon a également assuré qu'il «était temps» pour l'Etat hébreu de «partager ce bout de terre avec les Palestiniens». Quel en sera le prix ? L'Autorité palestinienne a beau répéter qu'elle n'acceptera aucune modification de «la feuille de route», quel poids politique peut-elle jouer entre les deux traditionnels alliés ? Dimanche, lors d'un entretien à la télévision d'Etat égyptienne, Mahmoud Abbas a encore affirmé que le texte devait «être accepté tel quel». «Nous avons accepté «la feuille de route» en dépit de réserves que nous avons laissées de côté pour faire avancer le processus de paix», a expliqué le Premier ministre palestinien. Le document, dont l'application est retardée depuis des mois, prévoit une série de mesures réciproques visant à l'établissement, en 2005, d'un Etat palestinien indépendant. Parmi ces mesures figurent le gel de la colonisation en Cisjordanie et dans la bande de Ghaza, et le retrait de l'armée israélienne de ces territoires. Les Palestiniens se sont quant à eux engagés à démilitariser l'Intifada et à renforcer les réformes institutionnelles déjà entamées au sein de l'Autorité. Egalement impliquée dans le processus de paix en tant que membre de l'Union européenne, la France a pour sa part envoyé son chef de la diplomatie dans la région dimanche. Dominique de Villepin, qui est arrivé dans l'après-midi en Israël, devait rencontrer son homologue israélien Silvan Shalom, à défaut d'Ariel Sharon qui a décidé de le boycotter. Aujourd'hui, le responsable français a en effet prévu de rencontrer Yasser Arafat, ce que Tel-Aviv à décider de «sanctionner» systématiquement. Lors de son passage à Ramallah, il doit aussi s'entretenir avec M. Abbas; une possible rencontre avec Ariel Sharon a été par ailleurs évoquée ce même jour.