L'armée israélienne a mené mercredi une nouvelle incursion dans le nord de la Bande de Gaza. Un regain de tensions qui intervient au moment où les Etats-Unis font pression pour l'application de la feuille de route. Mercredi matin, une vingtaine de chars et véhicules blindés israéliens sont entrés dans le secteur de Beit Hanoun. Cette localité du secteur nord de la bande de Ghaza avait été évacuée par l'armée à peine 24 heures plus tôt après une occupation de cinq jours. L'Etat hébreu a expliqué mercredi être de nouveau à la recherche de membres des Brigades Ezzedine al-Qassam, accusés de tirer de roquettes Qassam contre le territoire israélien, notamment la ville voisine de Sdérot. Trois bulldozers ont cependant aussitôt commencé à détruire des terres agricoles, comme ils l'avaient déjà fait lundi, saccageant 20 hectares de cultures. Ce jour-là, l'armée avait aussi démoli quatre maisons et endommagé une mosquée. Cette nouvelle incursion est par ailleurs intervenue quelques heures avant la visite que le Premier ministre palestinien devait effectuer dans la localité. Mahmoud Abbas, qui devait être accompagné de son ministre délégué à la Sécurité Mohammed Dahlane, a dû annuler ce déplacement. « Nous avons demandé à Israël de retirer ses chars pour permettre cette visite, mais cette demande a été repoussée », a expliqué un responsable du ministère des Affaires civiles, Soufiane Abou Zayda. Il a précisé que l'annulation avait été décidée « pour des raisons de sécurité ». Ce nouveau coup dur porté aux Palestiniens a incontestablement visé les efforts actuellement menés par le numéro deux de l'Autorité palestinienne. L'Etat hébreu souhaiterait-il faire tomber le Premier ministre tout juste nommé dans l'intention d'arrêter un processus de paix qu'il conteste dans sa quasi-totalité ? Mahmoud Abbas, déjà fragilisé par la récente vague de cinq attentats-suicide, et Ariel Sharon ont pourtant été tout deux pressés mardi par les Etats-Unis d'appliquer la feuille de route du Quartette. Pour la première fois, George W. Bush a même appelé le chef du gouvernement palestinien pour lui rappeler la «nécessité absolue» de faire cesser les attentats. Selon le porte-parole de la Maison blanche, Ari Fleisher, le président américain pense que «Abou Mazen est un réformateur attaché à la paix et qu'il veut faire tout son possible pour combattre le terrorisme et éliminer ceux qui se mettent en travers du chemin de la paix». Quant à Israël, il garde espoir d'amender plusieurs des clauses qu'il réfute dans le plan de paix, le retrait immédiat de son armée des territoires palestiniens comme le gel de la colonisation. Dov Weisglass, le chef de cabinet du Premier ministre israélien, s'est d'ailleurs rendu mardi soir à Washington pour préparer la prochaine venue d'Ariel Sharon, qui avait préféré dimanche reporter sa rencontre prévue mardi avec M. Bush. Il a aussi indiqué à Washington que la venue au Proche-Orient d'une délégation américaine chargée de veiller à l'application de la feuille de route n'était « momentanément pas propice » ! La première phase du processus de paix n'a effectivement toujours pas été entamée… Au contraire, Israël poursuit sa politique d'exactions et de punition collective. Elle s'est ainsi rendue dans la nuit de mardi à mercredi en Cisjordanie, où elle a arrêté huit Palestiniens, dont Ahmed Mahmed Abdallah Birkaoui, officier supérieur des Renseignements généraux accusé d'« activités terroristes ». Les soldats ont aussi démoli les maisons familiales de deux activistes à Naplouse, au nord.