En réaction à l'arrestation d'un de ses chefs, le Djihad islamique a perpétré un attentat-suicide. Des tensions au sein du Fatah empêchent Mahmoud Abbas de rencontrer Ariel Sharon. Lundi matin, l'armée israélienne procède à l'arrestation d'un chef local du Djihad islamique, près de Jénine, à Qabatyeh. Le groupe armé réagit aussitôt en déclarant que si ces raids continuent, le Djihad ne respectera plus la trêve… De la menace, le mouvement passe vite à l'acte puisque c'est lui, précisément sa cellule de Jénine, qui revendique l'attentat-suicide qui a coûté la vie à une Israélienne lundi soir près de Tel-Aviv. Le Djihad islamique a justifié mardi cette opération kamikaze par le refus du gouvernement israélien de relâcher tous les prisonniers palestiniens. S'agit-il d'une réelle rupture de la trêve ou d'un acte isolé? Depuis Ghaza, Mohammad Al-Hindi, un dirigeant du mouvement, a assuré que le Djihad continuait de respecter le cessez-le-feu qu'il a décrété le 29 juin, tout comme le Hamas. Certes, cet arrêt des violences était conditionné à la libération de tous les Palestiniens détenus par l'Etat hébreu – entre 6.000 et 8.000 selon les estimations -, et Israël n'en a concédé que 350 dimanche. Mais en rencontrant la veille le chef spirituel du Hamas, cheikh Yassine, Mahmoud Abbas était venu s'assurer du maintien de la trêve de trois mois. Aujourd'hui, une délégation égyptienne, pays très actif dans les pourparlers inter-palestiniens, est par ailleurs attendue à Ghaza afin de la renforcer. Signé unilatéralement par les Palestiniens et non reconnu par l'Etat hébreu, cet accord pourrait surtout être remis en cause par le gouvernement Sharon. Mardi, le chef de la diplomatie israélienne a même averti que « si demain la même bande commet un autre attentat avec 20 morts cela en sera fini avec le processus politique engagé ». M. Sharon a en même temps reconnu que « nous avons devant nous une occasion à ne pas rater », à propos de la poursuite de la “feuille de route”. Malgré la persistance des violences, les Premiers ministres des deux camps avaient d'ailleurs maintenu la semaine dernière l'application de l'accord sécuritaire du 27 juin. Beït Lahm avait été évacuée par l'armée israélienne deux jours après le nord de la Bande de Ghaza. Aujourd'hui, les Palestiniens réclament le départ des forces occupantes des autres secteurs. Un sujet que Mahmoud Abbas et Ariel Sharon devaient évoquer aujourd'hui, de même que la question des prisonniers palestiniens. Mais ce quatrième tête-à-tête entre les deux hommes a été annulé par Abou Mazen mardi. Le responsable palestinien a pris cette décision en raison d'une crise au sein de son mouvement, le Fatah. Ce dernier aurait critiqué lundi soir, lors d'une réunion de son Comité central, la façon dont le Premier ministre gère ses contacts avec son homologue israélien. L'aile radicale du Fatah aurait même remis en question les résultats jusque-là obtenus. Des sources palestiniennes ont indiqué mardi que Mahmoud Abbas avait adressé à Yasser Arafat sa démission de l'organe de direction du Fatah, et réclamé « des instructions précises sur la façon de gouverner et de mener les négociations avec Israël ». Il aurait aussi menacé de démissionner de son poste de Premier ministre s'il se retrouvait en désaccord avec les-dites recommandations du Fatah. Une crise qui illustre à quel point les tensions sont fortes côté palestinien, mais aussi israélien, pour parvenir à des concessions, et finalement à la paix.