Si le monde rural constitue une priorité dans tous les plans de développement au Maroc, ce n'est pas un hasard. L'agriculture demeure l'un des secteurs déterminants de l'activité économique du pays. Quel avenir pour la jeunesse locale ? Les générations se succèdent tandis que les activités rétrogradent saison après saison. L'agriculture représente près de 13 % du P.I.B en volume en 1999 et occupe environ la moitié de la population active. Cependant, la production agricole reste très liée aux conditions climatiques. Sur les 16 régions du Royaume, on dénombre 45 provinces assimilés à des régions rurales et 26 préfectures urbaines. Et même en l'an 2000, la population rurale est encore à 45 % de la population. Depuis les années 80, la sécheresse est de plus en plus fréquente, provoquant ainsi un flux migratoire massif avec tout ce que cela représente comme retombées néfastes sur les grandes villes encore en plein essor. Ceux qui ont la peau dure tentent de survivre tant bien que mal, refusant de céder leurs parcelles, issues d'un héritage lointain, à des prix dérisoires. Ce sont les nouvelles générations qui payent le prix fort de cette détérioration. Les jeunes du monde rural vivent dans un vide quasi absolu. Une bonne partie d'entre eux sont instruits, voire titulaires de diplômes universitaires, sans que cela ne change pour autant leur situation précaire. A la fin de leur parcours scolaire ou universitaire, ils rentrent chez eux et passent leur temps à contempler la terre sèche sans aucune alternative, à part celle du rêve d'un chimérique eldorado. L'unique voie du salut est le Hrig. Certains sont passés à l'acte et se sont retrouvés de l'autre côté de la Méditerranée dans les campagnes du sud de l'Europe où ils ont acquis un certain savoir-faire agricole qui leur redonne de l'espoir. Une éventuelle transférabilité de leur expérience dans les campagnes modernisées. Malheureusement, il se trouve qu'ils ne disposent d'aucune aide sur place, d'aucun accompagnement, et préfèrent changer de cap pour se diriger vers les zones urbaines ou de rester carrément à l'étranger. Mais que faire pour ceux qui n'ont pas d'issue et qui se sont transformés en fabricants de Mahia (eau-de-vie) ou en dealers pour survivre ? N'aurait-il pas été plus judicieux de prévoir des mesures pour inciter cette jeunesse à ne pas fuir son environnement naturel où elle serait plus utile et pourrait s'épanouir ? Un objectif à la portée si on met le paquet pour développer le tourisme rural par exemple. Il l'est encore plus si la société civile s'implique davantage en dehors des périmètres urbains en instaurant la culture associative dans le monde rural, sans parler des coopératives qui constituent le contexte propice des activités rurales. Certes, l'Etat est concerné en premier lieu, mais la responsabilité est celle de tous les Marocains, pour un avenir meilleur.