Deux journaux sud-africains critiquent la décision de Pretoria. Ils estiment qu'elle est nuisible aux intérêts de l'Afrique du Sud et déplorent l'échec de la «diplomatie bilatérale». La reconnaissance de la «rasd» par Pretoria est critiquée par la presse sud-africaine. Un article, paru dans l'édition du lundi du journal économique «Business Day», a qualifié cette décision de «nuisible » aux «relations de Pretoria avec le Maroc et probablement avec la Ligue arabe». Il ajoute qu' « aucun des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, aucun pays européen, l'Australie, le Canada, l'Egypte, l'Allemagne, le Japon, le Brésil ou l'Inde n'ont de liens officiels avec la Rasd». Le journal indique que la décision a été «précipitée» par la tenue en Afrique du Sud de la réunion du Parlement panafricain, dont la pseudo-Rasd est membre actif. Ce journal ajoute qu'en dépit du soutien du Maroc «à la lutte militaire de l'ANC dans les années 60, les relations bilatérales au plan politique ont passé de mal en pis depuis 1994 ». Ces relations se sont particulièrement détériorées, à l'occasion de la rivalité pour l'organisation de la Coupe du Monde en 2010, ajoute le journal. Il précise que la reconnaissance du pseudo-Rasd «donnera à certains avocats du Polisario la satisfaction que justice a finalement été rendue. Mais fondamentalement, l'impasse que constitue cette reconnaissance reflète plus un échec de la diplomatie internationale et bilatérale et de règlement de conflits qu'une victoire des principes d'autodétermination et des droits de l'Homme». Echec de la diplomatie bilatérale, le constat a été établi, y compris dans l'extrême Sud du continent. A qui la faute ? Quelle est la part de responsabilité de la diplomatie marocaine ? Sur le plan économique, la décision de Pretoria «conduira probablement à geler l'accès de l'Afrique du Sud à l'économie marocaine en pleine expansion», déplore le journal qui qualifie le Maroc de «pays sérieux». Cet article a été signé par Greg Mills, directeur de l'Institut sud-africain des affaires internationales. Il participe du même esprit que l'article d'un autre quotidien, «The Star», publié sous le titre «La diplomatie sud-africaine provoque une lutte ouverte en Afrique», dans l'édition du vendredi. Son auteur regrette cet acte qui contredit la «politique de l'Afrique du Sud de chercher à accommoder toutes les parties d'un conflit» et l'élimine de toute médiation future. Il ajoute que même si l'ANC avait annoncé son intention de reconnaître la Rasd depuis neuf ans, sa décision n'en demeure pas moins «précipitée». Il est évident que la décision de Pretoria n'était pas inévitable. Elle est déplorée au pays de Nelson Mandela et suscite déjà des regrets. Avec un peu plus de discrétion, de rigueur, d'attention et de doigté, notre diplomatie aurait pu l'empêcher.