La décision sud-africaine de reconnaître la «rasd» a été précédée d'un chantage de Pretoria. Une source proche du dossier explique à ALM les dessous d'une reconnaissance, longtemps projetée par l'Afrique du Sud. Révélations. «L'Afrique du Sud a voulu exercer un chantage sur le Maroc». La phrase est sortie de la bouche d'une source marocaine autorisée qui explique à ALM la médiation avortée de Pretoria qui a précédé sa décision de reconnaître la rasd. Ce chantage a trait à une rencontre qui devait réunir, au mois d'août, des responsables marocains et polisariens à Pretoria. Les Sud-africains avaient d'emblée dépassé leur rôle de médiateurs, en «validant la thèse algérienne». En clair, ils ont fait part au Maroc de leur «souhait» de le voir reconnaître le polisario comme «son unique interlocuteur» dans le conflit du Sahara. En cas de refus: Pretoria allait établir des relations diplomatiques avec la rasd. «Le Maroc n'a pas cédé au chantage». Et la décision de Pretoria a été accélérée «par les manœuvres d'Alger qui a senti le vent tourner en sa défaveur. Elle a joué sa dernière carte gagnante». C'est en ces termes que notre interlocuteur s'exprime sur la reconnaissance de la rasd par l'Afrique du Sud. Qualifiant cette décision de «peu surprenante», la source en réduit l'effet de contagion. «La reconnaissance de Pretoria pourrait tout au plus avoir des conséquences sur les Etats d'Afrique australe». Néanmoins, la décision de Pretoria souligne quelques dysfonctionnements de la diplomatie marocaine. Un communiqué du ministère des Affaires étrangères explique que la réunion à Pretoria entre les Marocains et les chefs du polisario devait se tenir les 6 et 7 septembre. Les dates proposées pour cette rencontre coïncidaient avec la visite du représentant personnel de Kofi Annan pour le Sahara, Alvaro de Soto. Ce qui a empêché les chargés marocains du dossier de se rendre à Pretoria. Or, la source en question cite une autre date : le mois d'août. Autre particularité du communiqué du ministère des Affaires étrangères, il qualifie la décision sud-africaine de «surprenante», alors que tout porte à croire qu'elle était prévisible. Qu'est-ce qui a été mis en œuvre pour l'empêcher ? Quoi qu'il en soit, la reconnaissance de la chimérique rasd par Pretoria a permis aux observateurs de saisir, si besoin en était, le consensus national dont fait l'objet le dossier du Sahara. Que ce soit la presse, les partis politiques ou les syndicats, ils ont dénoncé en bloc la décision sud-africaine. Le parti de l'Istiqlal la juge hostile aux efforts des pays qui veulent trouver une solution politique au conflit. Le premier secrétaire de l'Union socialiste des forces populaires (USFP), Mohamed El Yazghi, la qualifie de «dangereuse et inappropriée». Le parti de la Justice et du Développement (PJD) l'a également condamnée, de même que la majorité des partis politiques. Pour sa part, la Confédération démocratique du travail (CDT) a souligné, dans un communiqué, que la décision de l'Afrique du Sud est «pro-algérienne». Il n'y a pas une seule voix discordante dans le concert de dénonciations. Toutes expriment une détermination à ne pas céder un km du territoire.