Au terme d'un mois de pourparlers parrainés par les Etats-Unis et le Kenya, le gouvernement et la rébellion soudanais ont conclu un accord portant sur «le droit à l'autodétermination du peuple du sud» Dimanche, le président soudanais Omar Al-Béchir s'est largement félicité de l'accord signé la veille au Kenya par son gouvernement et la rébellion SPLA (Armée de libération des peuples du Soudan). Cité par l'agence SUNA, ce dirigeant a déclaré que le protocole était un «début pour la paix qui règnera dans le pays, avec l'aide de Dieu». Il a également estimé que l'accord était un «pas fondamental sur la juste voie pour mettre fin à la guerre» entamée il y a 19 ans. L'accord auquel Khartoum et la rébellion sont parvenus constitue pour le moins une étape historique après une reprise du dialogue par les deux parties le 18 juin dernier. Il est aussi le fruit des efforts menés par les Etats-Unis en ce sens depuis janvier dernier. Parrain du processus de paix, Washington avait à l'époque soutenus des pourparlers qui s'étaient concrétisés par l'accord de cessez-le-feu dans les Monts Nouba (centre). L'envoyé spécial américain pour le Soudan John Danforth avait aussi recommandé en mai que son administration reste engagée dans le pays en lui offrant plus d'aide humanitaire mais aussi en améliorant leurs relations diplomatiques et en soutenant les efforts de paix dans la région. Samedi, tous les sujets de discorde n'ont pas été réglés, mais les deux points les plus sensibles ont été résolus, à savoir «le droit à l'autodétermination pour le peuple du sud Soudan et les rapports entre Etat et religion». «Les parties ont convenu de poursuivre les négociations sur les autres dossiers de premier plan, partage du pouvoir et de la richesse, droits de l'Homme et cessez-le-feu quand les conversations reprendront mi-août 2002» indiquait encore un communiqué du gouvernement kenyan, médiateur dans les pourparlers, ce jour-là. Les deux parties ont dans le même temps réitéré leur engagement à une «solution pacifique» et négociée, fondée sur «l'unité du Soudan». Une unité qui sera confortée ou refusée par voie de référendum, a annoncé la SPLA dimanche. Le sud-Soudan «décidera de demeurer au sein du Soudan par référendum après une période d'autonomie de six ans», a ainsi déclaré, depuis Nairobi, un porte-parole de la rebellion. Cette consultation populaire fera l'objet d'une «supervision internationale» a précisé Samson Kwaje, revenant sur des détails du protocole d'accord qui ne figuraient pas dans le communiqué commun publié samedi. Khartoum avait proposé une période transitoire de dix ans, la SPLA quatre ans, obligeant les médiateurs de l'Autorité intergouvernementale de développement à trouver un compromis. L'IGAD, créée il y a 9 ans, est actuellement présidée par le Kenya et regroupe Djibouti, l'Erythrée, l'Ethiopie, la Somalie, le Soudan et l'Ouganda. «Pendant la période de transition, le mouvement-armé de libération des peuples du Soudan gèrera les affaires du sud-Soudan, selon des modalités à déterminer à la prochaine session de négociations», a ajouté M. Kwaje. Les deux parties ont déjà convenu que le pays adopterait un régime législatif bicaméral, avec Sénat et Assemblée, dans lequel la Charia ne constituerait plus la base de législation appliquée à l'ensemble du territoire. En août, les discussions concerneront le partage du pouvoir et des richesses, la sécurité et le statut des deux armées, nord et sud. Ce n'est qu'au terme de ces pourparlers que le Soudan pourra évoquer un cessez-le-feu. Khartoum et la SPLA étaient entrés en conflit armé en 1983, date de l'instauration de la Charia par le président d'alors Jaâfar Nimeiry. Ce conflit, entre le nord arabo-musulman et le sud à majorité animiste et chrétienne, a fait environ 1,5 million de morts et au moins 4 millions de déplacés.