C'est dans les moments de crise que l'on reconnaît ses vrais amis. Une des leçons à tirer de l'invasion coloniale contre Leïla. Désormais, il faut le reconnaître, les Marocains ne doivent pas trop compter sur certains de leurs amis européens, particulièrement pour certains qui se disaient préoccupés par le sort de la démocratie au Maroc. Une démocratie, pourtant émergente et réelle. Car, au vu de la rapidité avec laquelle l'Union européenne a exprimé sa solidarité avec l'Espagne, l'on se demande si l'on ne vit pas encore sous le règne de la guerre des civilisations et si le nouvel ordre mondial ne fait que cacher les convoitises hégémoniques de quelques anciens pays coloniaux, dont notamment l'Espagne. Certes, la médiation des USA n'est pas étrangère à l'apaisement de la tension entre le Maroc et l'Espagne ; mais, toujours est-il que jamais l'Espagne n'aurait agi de la sorte, avec autant d'arrogance, s'il y avait un pays occidental devant elle. Outre cet aspect, il y a lieu de souligner, une fois de plus, la «déception algérienne». Un pays qui croit encore que tout ce qui pourrait affaiblir ses voisins le rendrait fort ! Cependant, la leçon à tirer consiste en le fait que le déclenchement de la crise de «Leila», entre le Maroc et l'Espagne a remis sur le tapis marocain la question du Front intérieur. Un front uni et jamais ébranlé, en dépit des divergences normales portant sur la politique interne du pays. Certes, il était normal que dans un moment de crise, comme celui que le Maroc a traversé récemment, les forces politiques marocaines se sont élevées pour dénoncer l'invasion espagnole contre cette île marocaine et plaidé, chacune selon sa vision et ses moyens, pour le règlement de la crise. Contrairement à ce qui s'est passé dans le pays ibérique où l'unanimité faisait défaut quant au soutien du gouvernement et particulièrement de son agression contre l'îlot Leila, les forces politiques et «civiles» marocaines ont démontré, une fois encore, leur solidarité et unanimité face au danger colonial. Dans ce cadre, l'Union socialiste des forces populaires (USFP), a jugé nécessaire de lier la crise à son aspect global relatif à la persistance de la colonisation espagnole dans les territoires marocains. Et d'appeler à «un dialogue sérieux, responsable et constructif» entre les deux pays, mais en le conditionnant par la nécessité d'«englober tous les dossiers en suspens, y compris la présence coloniale espagnole sur le littoral marocain, particulièrement à Sebta et Mellilia». De son côté, le Parti de l'Istiqlal( PI), après avoir rappelé les «liens de bon voisinage qui unissent» le Maroc et l'Espagne, a annoncé que «l'occupation, par l'armée espagnole,(…) d'une partie intégrante du territoire marocain soulève avec urgence la question de la libération de Sebta, Melillia et des îles qui en dépendent de l'occupation espagnole. En outre, il «appelle l'ONU et le Conseil de Sécurité à prendre la position qui s'impose pour préserver le droit du peuple marocain à libérer ses territoires». Dans les rangs de l'opposition, le Parti du développement et de la justice (PJD) a lancé un appel pour «l'organisation d'une marche populaire pour libérer les villes de Sebta et Mellilia et les Îles Chaffarines», et «une rupture des relations politiques et économiques au cas où l'Espagne refuse de retirer ses forces de l'îlot». Sur le plan syndical, l'Union marocaine du travail (UMT) a appelé le peuple espagnol, et en premier lieu les travailleurs, à exprimer leur solidarité avec le peuple marocain et à demander à leur gouvernement de régler son héritage coloniale qui entache leur militantisme historique, libre et progressiste et porte atteinte à leurs principes démocratiques». Ces mêmes positions ont été réitérées par l'ensemble des centrales syndicales, organisations sectoriels et diverses associations.