Les groupes armés semblent avoir opté pour une stratégie de terrorisme urbain. Et, désormais, Alger et ses environs sont sous haute surveillance, après des attentats et massacres qui ont fait une quarantaine de morts depuis trois semaines. Il semble que le Groupe islamique armé (GIA) veuille privilégier désormais une stratégie de «terrorisme urbain», qui sur le plan médiatique serait d'un «poids beaucoup plus lourd», relève la presse algérienne. Cette nouvelle stratégie serait d'ailleurs mise en application par de nouvelles recrues issues «principalement des quartiers déshérités» des banlieues d'Alger, devenant «un véritable casse-tête pour les services de sécurité», affirmait lundi le quotidien «L'Expression». Ce journal, à l'instar d'autres publications, soulignait que «le nouveau profil du terroriste est celui de monsieur tout le monde», généralement jeune. «On ne sait plus vraiment à qui on a affaire», affirmait lundi à la presse un policier désemparé après l'attentat, perpétré par deux jeunes portant jeans et baskets, qui a coûté la vie à l'un de ses collègues dans un quartier huppé et fortement surveillé, au cœur de la capitale. La nouvelle vague d'attentats frappant Alger et sa région a surpris par son ampleur, même si les violences continuent dans le pays avec un bilan, selon la presse, de plus de 730 morts depuis le début de l'année. Elle a d'autant plus surpris, que le chef GIA, responsable de la plus grande partie des massacres et tueries en Algérie, Antar Zouabri, avait été tué le 8 février dernier à Boufarik, une grosse bourgade de la Mitidja. Rachid Abou Tourab, son successeur, originaire de cette région, avait vite assuré qu'il continuerait la ligne dure de son prédécesseur. Il a affirmé qu'il tuerait «sans répit» pour l'instauration d'une république islamique en Algérie. A l'approche de l'anniversaire du quarantième anniversaire de l'indépendance, le 5 juillet, de nombreux barrages de police, de gendarmerie et même de l'armée ont été réactivés pour faire face à cette nouvelle vague de violence. Ces attentats ont frappé des habitants de la banlieue sud d'Alger, dont 12 ont été tués le 12 juin à Kraicia et douera; sept jeunes jouant au football sur une place de la station balnéaire de Zeralda, à l'ouest d'Alger, ont été mitraillés le 22 juin sans que personne ne puisse réagir. Deux voyageurs bus avaient été froidement abattus dans un mini-bus, à Bou Ismaïl, non loin de Zeralda, deux jours plus tard. Plus récemment, un autobus a été pris d'assaut le 29 juin dans la soirée par un groupe agissant à une centaine de mètres d'une caserne, aux «Eucalyptus», un quartier de la périphérie sud-est d'Alger, non de loin de l'aéroport. Treize personnes, jeunes pour la plupart, ont été tuées de sang-froid par balles, tandis que neuf autres étaient blessées, avant que les tueurs ne se fondent dans les vergers environnants de la Mitidja, ou soient récupérés par des complices en voiture. Des barrages filtrent désormais plus étroitement la circulation et les accès à la capitale, ainsi que les routes de la Mitidja, la riche plaine agricole, aux portes d'Alger, qui a été un des principaux fiefs des groupes armés pendant les années de plomb du terrorisme entre 1993 et 1998. Dans ce secteur, les forces de sécurité ont fait un retour remarqué et contrôlent les entrées et sorties des bourgs et villages de la plaine, considérée comme un refuge potentiel des groupes armés.