Un nouveau record vient d'être franchi, jeudi 12 août, sur le marché londonien du brent. Le baril a dépassé les 42 dollars. Au-delà de 32 dollars, chaque dollar de plus coûte à l'Etat marocain 30 millions de DH. La Caisse de compensation a du mal à suivre. Malgré les assurances de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), les prix du pétrole sont dopés par la peur d'une perturbation de la production en raison de l'affaire Ioukos ou du référendum au Venezuela ce dimanche. Par conséquent, la facture pétrolière ne cesse de grimper d'une manière vertigineuse. Durant les six premiers mois de l'année en cours, celle-ci a atteint 6 milliards de dirhams. Une addition qui pèse lourd dans la balance des paiements puisqu'elle représente 28 % de l'accroissement global des importations qui se sont établies à quelque 77,7 milliards de DH, contre environ 67 milliards une année auparavant. « Je ne pense pas que les prix vont baisser en dessous du seuil des 35 dollars », estime Najib Bensamour, directeur de la Caisse de compensation. Selon le responsable, au sujet de l'équilibre par rapport à la pompe – partant d'un baril à 32 dollars- chaque dollar supplémentaire coûte à l'Etat 30 millions de DH. Ainsi, sur la base d'un prix de 42 dollars (1 dollar équivaut à 9 DH), le déficit mensuel est de 300 millions de DH pour le pétrole. Pour le gaz, le prix d'une tonne frôle les 300 dollars, par conséquent la subvention allant au gaz est de 210 millions de DH mensuellement. Les deux produits combinés coûtent à l'Etat plus de 510 millions de DH chaque mois, en subventions. Cependant, les opérateurs gaziers n'ont finissent pas de souffrir des retards des remboursements dus par la Caisse de compensation. Un risque de gel des importations, surtout pour ce produit, est bien réel. La caisse est redevable de plus, de 900 millions de DH d'arrières à l'ensemble des opérateurs. À l'approche du mois de Ramadan, connu pour une forte consommation, la menace est bien réelle. La subvention annuelle moyenne pour le gaz butane est de 2,4 milliards de DH contre plus de 6 milliards de DH pour la facture pétrolière totale. S'y ajoutent aussi la farine et le sucre pour aboutir à une facture annuelle globale pour la caisse de compensation de 10 milliards de DH. « A ce prix-là, c'est désormais un choix de société qui s'impose à nous », témoigne Abdellah Alaoui, Président de la Fédération de l'Energie. Pour ce responsable, les Marocains sont appelés à prendre part aux choix énergétiques futurs. Les arbitrages entre la consommation et les investissements lourds sont à faire. En plus, un plan de crise, partant du fait que le risque de manque d'approvisionnement est bien réel, doit être adopté. Il est indispensable que le service minimal des services prioritaires soit, en tout moment assuré. Il faut, plus que jamais, développer les énergies renouvelables. « La prophétie de malheur est faite pour éviter qu'elle ne se réalise », tient à préciser Abdallah Alaoui. En matière énergétique, les statistiques des échanges extérieurs du Maroc à fin juin 2004 publiés par l'Office des Changes ne sont guère rassurantes. Ainsi, les importations en volume se sont inscrites en hausse: elle sont passées de 1,58 million de tonnes à 2,87 millions de tonnes, soit une augmentation de 81,1 % entre les premiers semestres de 2003 et 2004. Les tarifs ont également grimpé. Le prix moyen de la tonne importée s'est apprécié de 7,2 % pour atteindre 2,154 DH/t au lieu de 2,01 DH/T, relève l'office. Une moyenne à relativiser puisque durant le seul mois de juin dernier, le prix moyen de la tonne importée de pétrole brut s'est établi à 2,298 DH/T, soit une hausse de 25,9 %. Cette hausse concerne également les autres hydrocarbures. Outre le pétrole brut, les acquisitions des gaz de pétrole et autres hydrocarbures (+7,3 %) et de la houille crue (+53,4 %) ont contribué à la progression des importations des produits énergétiques en général qui sont passés de 9,97 milliards de DH à 10,96 milliards, entre les deux périodes sous revue, soit une hausse de 9,9 %.