Les tractations pour la constitution des conseils communaux un peu partout à travers le pays sont en train de dévoyer le processus électoral et d'empêcher l'émergence d'une véritable démocratie locale que tout le monde appelle de ses vœux. La crédibilisation du processus électoral grâce à la transparence qui a marqué le scrutin du 12 septembre est en passe d'être compromise par des pratiques que l'on croyait révolues. Les tractations pour la constitution des conseils communaux un peu partout à travers le pays sont en train de dévoyer le processus électoral et d'empêcher l'émergence d'une véritable démocratie locale que tout le monde appelle de ses vœux. La crédibilisation du processus électoral grâce à la transparence qui a marqué le scrutin du 12 septembre est en passe d'être compromise par des pratiques que l'on croyait révolues. On pensait que la nouvelle ère communale (qui se lève) et qui était célébrée dans les discours tout au long de la cmapgane allait induire dans les faits des méthodes propres et de nouveaux comportements plus responsables. Apparemment, les résistances au changement sont farouches. Les forces de l'inertie sont toujours à l'œuvre, déterminées à transformer une élection de première importance en affaire mercantile. Achat massif des voix, séquestration des élus “vendus“ au plus offrant, recours aux rabatteurs du souk électoral…, les nouvelles qui montent du front communal aussi bien des villes du Maroc que des champs ont de quoi être pessimistes. Cette situation peu reluisante vient du fait que les partis politiques n'assument pas leurs responsabilités. Dès la proclamation des résultats, les heureux élus sont libres comme le vent. Ils peuvent tourner casque sans que cela tire à conséquence : ils ne sont même pas rappelés à l'ordre par les instances dirigeantes de leurs partis qui, visiblement, perdent tout pouvoir sur eux une fois élus au suffrage universel. En un mot, les conseillers s'autonomisent avec une rapidité pour le moins surprenante qui montre si besoin est l'absence tout aussi sidérante de tout lien organique de l'élu avec sa structure partisane. Résultat : la victoire arithmétique d'un parti est souvent factice dès lors qu'elle ne tarde pas à être confisquée par des élus qui ne respectent rien. Ni leur étiquette politique, ni le choix des citoyens. Et c'est tout le drame de la classe politique marocaine. Au-delà des accréditations qui sont données la plupart du temps au premier venu, les partis politiques, à l'exception du PJD qui se distingue par une certaine discipline de ses militants, ont du mal à maîtriser leurs troupes élues. Le bon sens et la logique voudraient que les états-majors des partis rapatrient chez eux la question stratégique des tractations pour la constitution des bureaux des conseils communaux. Mais les choses ne se passent pas ainsi. C'est ce qui justement ouvre la voie à la corruption des grands électeurs qui se vendent au candidat le plus généreux. Dès lors, celui-ci, une fois installé dans le fauteuil du président, sera déterminé à rentabiliser ce qu'il considère comme étant un investissement. D'où les travers qui ont rongé la pratique communale au Maroc pendant plus de deux décennies : marchés de gré à gré, la gabegie financière et les détournements de fonds. C'est à partir de ce moment-là – l'élection du président-que l'intérêt de la collectivité se trouve sacrifié à cause d'une poignée d'individus qui voient dans la commune non pas un outil pour mieux gérer la cité mais comme une vache à lait. En raison de leur incapacité à encadrer leurs élus et à les maîtriser, les partis politiques sont les premiers responsables de l'incurie locale.