Dans une interview au journal français «Le Figaro», le directeur général de la DGSN, le général Hamidou Laânigri, s'est déclaré rassuré car les terroristes marocains n'ont aucun soutien populaire. Il a également affirmé que "seule une dizaine d'éléments dangereux court toujours". Parmi eux, Saïd El Housseïni, un spécialiste des explosifs qui a fabriqué les détonateurs ayant servi le 16 mai 2003. Pour la première fois dans les annales marocaines, un haut responsable sécuritaire marocain accorde une interview à un organe de presse étranger. En effet, le journal français Le Figaro a publié, le samedi dernier, une longue interview avec le directeur général de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), le général Hamidou Laânigri. Cette interview a donné l'occasion aux publics marocain et étranger de connaître l'opinion de l'homme qui est "considéré comme l'un des grands spécialistes de la lutte internationale contre le terrorisme islamiste". En effet, en sa qualité de DG de la DST, entre 1999 et 2003, le général Laânigri avait été appelé à traiter les dossiers de terrorisme liés aux attentats de New York, le 11 septembre 2001 et surtout aux attentats du 16 mai à Casablanca. D'ailleurs, le 25 juillet 2003, le général fut nommé par SM le Roi au poste de directeur général de la DGSN. Concernant l'attentat du 16 mai, le général Laânigri a assuré que c'est "une punition visant le Maroc pour son alliance avec l'Occident". Il précise que "l'affaire a été conçue par des membres marocains d'Al Qaïda qui ont rencontré Oussama Ben Laden, l'idéologue Ayman Dhawahiri et le chef opérationnel Abou Moussab Zarqaoui". Le général précise que "les préparatifs se sont poursuivis avec une réunion à Istanbul présidée par Mohamed El Garbouzi, alias Abou Issa". Ce dernier est un marocain, combattant en Afghanistan, autorisé par Ben Laden en 2001 "à ouvrir un camp de formation spécifiquement marocain au nom de Groupe islamique combattant marocain (GICM)", poursuit le général Laânigri. Un an plus tard, en 2002, les jihadistes marocains ont sollicité Ben Laden pour leur accorder une aide financière (…) et c'est ainsi qu'ils ont obtenu des fonds pour organiser le 16 mai 2003 à Casablanca. Concernant l'implication de nombreux marocains dans les réseaux terroristes internationaux, le général Laânigri a été clair. Il rappelle, à cet effet, que "les Marocains ont commencé à arriver en Afghanistan à partir des années 97-98", c'est-à-dire assez tardivement. C'est la raison pour laquelle "ils veulent se mettre en valeur". Pour ce qui est de l'attentat de Madrid, le général a assuré au Figaro qu'organiquement, il n'y a aucun lien entre les attentats de Madrid et de Casablanca. En tous les cas, si les noms de certains marocains sont mentionnés, il n'en demeure pas moins qu'il ne s'agisse que d'exécutants et non de concepteurs. "Il est faux d'affirmer que le Maroc produit du terrorisme", lance le général. Autre point important soulevé dans cette interview, celui du soutien populaire au terrorisme. En effet, contrairement au cas algérien, les terroristes marocains n'ont aucun soutien auprès des populations. C'est "un facteur rassurant", souligne le général Laânigri qui rappelle le démantèlement, ces dernières semaines et non sans résistance, de cinq cellules opérationnelles. Aujourd'hui, le général peut affirmer que "seule une dizaine d'éléments dangereux court toujours". Parmi eux, il cite le nom de Saïd El Housseïni, un spécialiste des explosifs qui a fabriqué les détonateurs ayant servi le 16 mai 2003.