Farida Belyazid : « Il faut promouvoir le film avant sa sortie » En tant que Tangéroise de souche, je suis contente que le Festival national du film se déroule dans ma ville. Je suis contente également pour le public marocain. Un public assoiffé de productions nationales. Les dernières statistiques publiées par le Centre cinématographique marocain le prouvent. Il peut y avoir pendant des semaines des films américains ou d'autres nationalités, mais dès qu'il y a un film marocain à l'affiche, les spectateurs accourent. Néanmoins, le public n'est au courant qu'une fois le film dans les salles. Je trouve personnellement qu'il faudrait promouvoir le film marocain avant sa sortie, comme c'est le cas des autres productions étrangères. C'est le rôle des médias et des boîtes de production. Au niveau de l'exploitation des salles, il y a également un problème. Moi, je suis personnellement attristé lorsque je remarque, comme tout le monde d'ailleurs, que les salles de cinéma ferment les unes après les autres. J'espère que cette huitième édition du Festival national du film sera une occasion pour discuter de ces problèmes qui entravent l'évolution du cinéma marocain. Mohamed Mouftakir : « La compétition promet d'être serrée » Je pense que pour cette huitième édition, le Festival national du film sera une rencontre très intéressante. Intéressante dans le sens où le cinéma marocain évolue aujourd'hui vers une diversité des genres. On remarque ces dernières années la naissance de nouveaux genres cinématographiques. On peut à présent voir des films à thématiques sociales et aussi des psychodrames. On remarque d'autre part que le nombre de réalisateurs marocains a augmenté. Il y a aujourd'hui de nouveaux jeunes réalisateurs qui ont rejoint la liste des cinéastes. On sent également qu'il y a une véritable volonté politique pour encourager le cinéma et le promouvoir. En outre, la compétition promet d'être très serrée avec pas moins de vingt et un longs-métrages et une quarantaine de courts-métrages dans la sélection. Je pense aussi que ce festival est une véritable aubaine pour les habitants de la ville Tanger pour sortir voir les films marocains produits ces deux dernières années. Chrif Tribek : « Ce festival a un aspect affectif » Ce festival national du film fait partie des manifestations qui ont un goût particulier. Cela nous permet de faire une pause pour analyser ce que tous les cinéastes ont réalisé pendant deux ans. On remarque de manière générale qu'il y a une certaine évolution au niveau de la qualité des films produits durant ces deux dernières années. Néanmoins, il reste que la question de l'exploitation des salles est toujours à l ‘ordre du jour. On se désole lorsqu'on voit que Tanger ne compte que deux salles de cinéma. On espère que, pour cette édition, les organisateurs feront de leur possible pour ne pas répéter le même scénario de l'année dernière, à savoir les tracas techniques relevés dans les salles de projection. Les conditions n'étaient pas très confortables, mais nous sommes optimistes pour cette édition 2005. Le cru de cette année s'annonce prometteur. Mohamed Ismaïl : « C'est la fête du cinéma marocain » Tanger est une ville qui se prête bien à ce genre de manifestations. Le Festival national du film est une véritable fête du cinéma marocain. Nous allons, comme chaque année, voir la récolte de deux ans. Même si à l'heure où ces paroles sont prononcées, le festival n'a pas encore débuté, nous pouvons déclarer que le nombre de films présentés cette année est considérable. En sept éditions, il n'y a jamais eu un chiffre aussi important. Lors de la dernière édition qui a eu lieu à Oujda, 15 longs-métrages étaient en compétition. Cette année, il y en a 21. Mon impression globale sur ce festival en tant qu'événement cinématographique majeur est donc positive, d'autant plus que j'ai remporté le prix du scénario et le prix de la réalisation lors de la précédente édition pour mon film « Et après… ». J'espère néanmoins que cette année les organisateurs ne vont pas tomber dans le piège des problèmes techniques qui entravent les projections des films et le bon déroulement du festival. Mais je pense qu'à Tanger, il y a de belles salles de cinéma, en tout cas meilleures que celles d'Oujda. Hakim Noury : « Occasion rêvée pour relancer le débat » Le Festival national du film est un événement en soi. Je pense que cette manifestation ne représente pas uniquement un instant pour exhiber ses films, mais c'est surtout une occasion de débat. Les professionnels du secteur se rencontrent et discutent des questions cruciales qui touchent le développement du cinéma au Maroc. C'est une occasion également pourrectifier le tir et de parler de la question de l'exploitation, du piratage et des salles qui ferment. De graves problèmes qu'on devra essayer de résoudre tous ensemble. En ce qui me concerne, ce festival me permettra de parler avec les responsables du fonds d'aide. Il faut que les critères d'octroi des avances sur recettes changent. Avant, le fonds d'aide avait une approche culturelle, aujourd'hui, elle est économique. Hassan Benjelloun : « Ce festival est un repère » Ce festival est un véritable repère pour nous les cinéastes. Cela nous permet de voir tous les films marocains qui ont été réalisés durant deux ans. A première vue déjà, on remarque qu'il y a une véritable évolution au niveau de la production des films marocains. Dans la sélection officielle, il y a vingt et un longs-métrages et près d'une quarantaine de courts en compétition. C'est un chiffre révélateur. Il y a aussi un élément que je trouve intéressant, c'est le fait que tous les longs-métrages qui entrent en lice ont été primés à l'étranger. En outre, la composition du jury est aussi éloquente, c'est un jury international. Une richesse de plus. Jilali Ferhati : « Une production considérable » En l'espace de deux ans, on remarque une évolution notable de la production cinématographique. Cependant, il y a un problème qui doit être résolu, celui du piratage et de la fermeture des salles de cinéma. Les spectateurs préfèrent regarder des films sur DVD en restant chez eux bien au chaud. Il faut que les exploitants des salles de cinéma soient créatifs et restaurent ces espaces de projection qui ne cessent de s'effriter jour après jours.