La production et la formation représentent "les points forts" du cinéma marocain, a souligné le réalisateur Hassan Benjelloun, relevant toutefois que les salles de cinéma demeurent le talent d'Achille du 7-eme art national. .-Propos recueillis par Souad Adlani-. Dans une interview à la MAP en marge du Festival de la Francophonie de Washington (2 mars-15 avril), Benjelloun met en avant la participation distinguée du film marocain dans des manifestations d'envergure internationale. "La présence du cinéma marocain dans des rencontres internationales est très remarquée et remarquable, comme en témoigne les prix remportés dans des festivals arabes, africains et européens", se réjouit le réalisateur, même s'il concède que le film marocain n'a pas encore accès aux compétitions officielles de festivals réputés comme Cannes, Venise ou Berlin.
.+Le cinéma marocain n'a plus rien à prouver+. Au niveau du continent africain, le cinéma marocain est classé à la 3-eme place, après ceux d'Egypte et d'Afrique du Sud, en termes de production, de quantité et de qualité, rappelle Hassan Benjelloun, également scénariste et producteur. "Je crois qu'actuellement, le cinéma marocain n'a plus rien à prouver ", affirme-t-il. Dressant ainsi un état des lieux du film marocain, le réalisateur souligne que la production cinématographique " marche très bien ". " On produit 15 longs métrages et 80 courts métrages par an, ce qui permet au Maroc d'occuper la 3-eme place en Afrique", explique-t-il. Sur un autre registre, Benjelloun évoque le foisonnement des écoles de cinéma au Maroc, faisant référence à l'émergence de nombre d'écoles " très intéressantes " à Ouarzazate, Marrakech, Casablanca et Rabat qui forment des jeunes à l'écriture, au montage, au son, à la mise en scène et à la production, une initiative qu'il qualifie d' "extraordinaire". .+Les jeunes, un espoir pour le cinéma marocain+. "Beaucoup de jeunes marocains s'intéressent à l'audiovisuel. C'est un espoir pour le cinéma national", estime Benjelloun, qui se dit " très optimiste pour l'avenir " du cinéma marocain, car " il y a plusieurs jeunes qui réalisent (des films) et s'expriment magnifiquement bien". Le réalisateur attire, par ailleurs, l'attention sur le fait que le Maroc organise quelque 70 festivals, un " facteur tout aussi intéressant ". Entre autres éléments positifs ayant contribué à la promotion du film marocain, il cite le développement des maisons de production, devenues, "très nombreuses et bien équipées". .+ Salles de cinéma, talent d'Achille du 7-eme art au Maroc+. Hassan Benjelloun souligne toutefois que le talent d'Achille du 7-eme art marocain demeure les salles de cinéma. "Le point noir du cinéma marocain sont les lieux de projection", avance le cinéaste, expliquant qu'en cinq ou six ans, le nombre des spectateurs a baissé de 17 millions à deux millions. Il s'agit d'une "chute libre", déplore-t-il. "Les salles de cinéma ferment, les Marocains ne se déplaçant plus comme avant avec leurs petites familles pour aller voir des films. C'est une crise très grave", relève-t-il. Face à cette situation, il préconise que les exploitants changent leur salles en multiplexes, prévoient des programmes pour attirer le public et fassent des réductions pour les étudiants. Il plaide aussi pour des cinéclubs développés qui forment les jeunes spectateurs, à travers notamment l'organisation de débats en la matière. Benjelloun pointe du doigt également le piratage qui accentue la crise du cinéma marocain. "Dans les différents coins de rues, sont étalés des films américains, européens et marocains qui n'ont pas encore vu le jour dans les salles de cinéma", regrette-t-il, notant que le cinéma "ne pourrait avancer dans de pareilles conditions ".