Une enquête a évalué l'attitude de soixante-quatre patients hypertendus durant le mois de ramadan et a révélé que : 61 % des médecins ne se prononçaient pas et laissaient le choix à la discrétion du malade tandis que 11 % des médecins interdisaient le jeûne à leurs patients. Mais ces derniers ne suivaient pas les indications de leurs médecins, car seulement 1,8% ne jeûnaient pas. Certains symptômes (céphalées, essoufflement, vertiges...) ont été décrits, mais ils ne semblent pas être liés à l'hypertension mais plutôt au jeûne. Une autre étude a montré que durant trois mois successifs, dont le mois de ramadan, le taux d'admission hospitalière pour hypertension et angine de poitrine diminuait, alors que les admissions pour accident cardiovasculaire, insuffisance cardiaque et infarctus du myocarde ne changeaient pas. A l'hôpital d'Ankara, une enquête rétrospective qui a été effectuée de 1991 à 1997, a montré que durant cette période, le nombre de cas de maladies coronariennes aiguës n'augmentaient pas pendant le ramadan. Une autre enquête rétrospective sur l'incidence des attaques cardiaques durant le mois de ramadan a révélé qu'il n'y a pas de différence significative entre la distribution de l'âge et du sexe, et l'incidence des attaques entre les deux groupes ( 1er groupe : patients dont l'attaque est survenue pendant le ramadan. 2ème groupe : patients dont l'attaque est apparue en dehors de ce mois.). Le ramadan n'a donc aucun effet sur le déclenchement des attaques cardiaques. La pression artérielle systolique et diastolique mesurée pendant vingt-quatre heures (diurne et nocturne) ne varient pas durant le ramadan. Cependant, même s'il n'y a pas de variation, la surveillance de chaque hypertendu s'avère nécessaire durant le mois du jeûne. Ces résultats sont en accord avec les travaux de Perk qui ont aussi montré que la pression sanguine (systolique et diastolique) de dix-sept hypertendus sous médication mesurée pendant vingt-quatre heures, avant et durant la dernière semaine du ramadan, ne variait pas. Une légère baisse du poids corporelle fut signalée pendant ramadan. Les auteurs concluaient que les patients hypertendus sous médication peuvent jeûner sans danger. La conclusion globale des résultats portant sur les maladies cardiovasculaires et le ramadan est claire : le jeûne du ramadan n'est pas un facteur aggravant chez des patients hypertendus ou cardiaques, à condition qu'ils soient stabilisés et leur maladie bien contrôlée. Au contraire, le jeûne semble même avoir un effet bénéfique chez beaucoup de patients. Cependant, compte tenu des grandes variations individuelles, il est souhaitable pour tout patient cardiaque, de demander conseil à son médecin avant l'arrivée du mois de ramadan. Source : dossier ramadan et santé, préparé par le Pr. Abdelouahab Tazi, octobre 2004