Abracadabra… Cette formule magique est devenue le slogan d'une bonne partie d'adolescents âgés de 15 à 19 ans. Ces jeunes n'ont pas de baguette magique mais de petits doigts qui manient rapidement les objets de sorte que l'illusion soit assurée. Il ne s'agit pas de Harry Potter ni de l'école des sorciers, mais des lycéens qui ont préféré la prestidigitation comme passion. Après la musique, la magie a commencé à franchir le monde estudiantin. Ce nouveau hobby a fait son apparition avec force depuis deux ans. Une véritable passion qui emporte des jeunes en quête de soi. «J'ai découvert la magie depuis une année. Je me suis vite retrouvé dans ce loisir après avoir tenter la musique, le sport et les arts plastiques», indique Imad, 19 ans étudiant en première année du baccalauréat. Ils sont une vingtaine dans son lycée à partager le même intérêt. Majoritairement des garçons, ils ont troqué leurs instruments de musique, pinceaux et même leurs livres pour les tours de magie. Cartes, pièces de monnaie, pouce magique et fils transparents sont leurs nouveaux outils. Zakaria, 16 ans, raffole pour les cartes. Il en a de toutes les marques et de toutes les couleurs. Son premier tour de magie consistait à deviner la carte dont dispose son partenaire. Pour cet exercice, il suffisait de tricher un peu et marquer l'emplacement de la carte par une autre qui la précédait. Son ambition était au-delà de toutes les limites. En sept mois, il a réussi à développer ses compétences. Actuellement, il présente à ses amis de nouveaux tours de cartes de plus en plus élaborés. Le principe est le même : deviner la carte du partenaire, mais cette fois-ci, la technique est sophistiquée. Doté d'un évantail de cartes, un bout de papier et des allumettes, il intrigue ses spectateurs. Il propose à un de ses camardes de choisir une carte et de noter ses caractéristiques sur un papier (chiffre et motifs). Après avoir suivi à la lettre les instructions, Zakaria reprend le papier, le brûle et frotte ses cendres contre son bras. Le résultat est fascinant. Les caractéristiques de la carte se calque clairement sur cette partie du corps. L'astuce ? Comme tout illusionniste averti, le jeune homme refuse de dévoiler le mystère. Samia, 17 ans, quant à elle, est spécialiste dans le mentalisme. Elle fait croire qu‘elle possède le pouvoir de lire dans les pensées des autres. «C'est un tour amusant, il faut avoir le don de lire dans les yeux de la personne pour pouvoir déduire ce qu'elle pense. Je ne suis pas une magicienne, mais je le fais par divertissement », atteste Samia. Et de poursuivre «par mon air déterminé, je réussis à provoquer la personne à qui je fais mon tour et la pousse de cette manière à dévoiler spontanément des secrets. De nature curieuse, cela m'amuse». Faute de manque d'établissement spécialisé en la matière au Maroc, ces jeunes ont recours à Internet pour apprendre. Certains sites donnent des formations pratiques à tous les fanatiques de la magie. Comment faire disparaître une carte, une pièce de monnaie ou un mouchoir ? Ou comment réussir une illusion optique ? Des thèmes variés que les professionnels exposent de manières détaillées. Les vidéos jouent un grand rôle dans l'apprentissage. David Copperfield, Chriss Angel ou David Blaine mettent à la disposition des apprentis tous leurs savoir-faire. Imad, Zakaria et Samia déclarent avoir beaucoup appris par ce biais. Ils sont entrés en interaction avec d'autres jeunes du monde entier ayant la même vocation. Ambitieux, ce trio désirent y continuer et représenter un jour le Maroc dans les grandes manifestations de magie. Ils ne sont pas trois mais des centaines, ici et ailleurs, rêvant d'une baguette magique pour les rendre des illusionnistes de renommée mondiale