On peut garder un sentiment d'inachevé après avoir vu ce film, mais l'opus marque par un montage excellent et une prestation de Norton qui impressionne dans un rôle inédit. Bientôt en salles au Maroc. "D'abord le pitch : dans les années 1900, Vienne est une société en pleine mutation, partagée entre tradition et modernité et prête à céder aux plus troubles fantasmes… C'est sur cette scène mouvante que surgit un jour le charismatique et mystérieux illusionniste Eisenheim. Se targuant de pouvoirs surnaturels, celui-ci présente des tours de magie si brillants que le bon peuple et l'aristocratie lui font chaque soir un triomphe. En peu de temps, l'Illusionniste devient l'homme le plus célèbre de la ville, l'incarnation vivante d'une magie à laquelle personne n'osait plus croire… Mais la gloire d'Eisenheim est intolérable au Prince héritier Leopold, dont la popularité décroît à mesure que grandit celle de ce showman consommé dont nul n'a jamais su percer les secrets. Rationaliste convaincu, avide de pouvoir, le Prince a une raison supplémentaire de jalouser Eisenheim : ce dernier fut le grand amour de jeunesse de sa fiancée, la belle Sophie Von Teschen, qui nourrit encore pour lui de très tendres sentiments. Décidé à écarter ce rival, Leopold charge son homme de confiance, l'inspecteur Uhl, d'enquêter sur l'Illusionniste et de dévoiler ses impostures. Une partie serrée s'engage entre les deux hommes, aux frontières de la magie et de la raison, de l'amour et de la dévotion, du pouvoir et de la corruption. Bref, des intrigues sur fond de tour de passe-passe et d'un amour impossible. Les ingrédients majeurs d'un bon film. Et l'Illusionniste l'est à plus d'un égard. Créer un monde de possibilités. Un monde enchanteur où le mystère, la surprise et l'émerveillement peuvent faire bon ménage. Mettre en scène un monde et une vie qui ont échappé à un homme rempli de bons sentiments, pour qui la magie et l'illusion font partie du quotidien. Voilà le défi que s'était fixé le réalisateur Neil Burger avec «The Illusionist». À partir d'une courte nouvelle, il a su concocter une intrigue fort intéressante. Son long-métrage est réussi, car il nous amène bien au-delà des simples tours de magie. Faire cohabiter le fantastique et le caractère humain n'est pas la chose la plus facile qui soit. D'abord la technique. Avec une direction artistique soignée, un montage fluide, une musique au service de l'ensemble et des plans diversifiés, la magie prend corps. Avec un souci du détail qui fait qu'il y a peu de scènes banales ou convenues. Mystères, secrets et bons sentiments Mais aussi, et surtout, grâce à des personnages tourmentés qui affrontent les épreuves de la vie quand elles se présentent. Pas de personnages complètement noirs ou complètement blancs. Plutôt entre les deux. Edward Norton est un illusionniste calme, posé, mais qui sait pertinemment où il s'en va. Il campe très efficacement un Eisenheim qui n'extériorise ses sentiments qu'en faisant apparaître des choses. Son regard soutenu tout au long du film et sa prestance font de lui un personnage complexe et intéressant. Edward Norton est encore une fois au sommet de son art. Paul Giamatti n'est par contre pas en reste. En jouant avec brio et avec plusieurs subtilités un inspecteur de police pris entre l'arbre et l'écorce, il donne une touche d'humour et un côté très humain à l'ensemble. À la fois émerveillé et conquis par les prodiges du magicien, il est tenu en laisse par le prince de la ville qui le garde en poste pour régler les situations qu'il juge alarmantes. Si Jessica Biel ne dispose pas d'un rôle pour crever l'écran, elle propose tout de même une performance honnête. Réalisé par Neil Burger Avec Edward Norton, Jessica Biel, Paul Giamatti, Rufus Sewell, Eddie Marsan, Jake Wood, Tom Fisher, Aaron Johnson, Eleanor Tomlinson, Karl Johnson, Vincent Franklin...