Appareils électroniques de toutes sortes, téléphones portables, ordinateurs, électroménagers et autres gadgets technologiques…Le tout exposé dans de grandes surfaces sur plusieurs étages. Cela ressemble, de très loin, à Derb Ghallef, mais en plus grand et en plus structuré. Nous sommes à Akihabara, en plein centre de Tokyo. Bienvenue à «Electric Town», tout un quartier dédié au monde de l'électronique dans la capitale nipponne. Quelque 600 magasins exposent les toutes dernières créations électroniques. Entre bars japonais offrant Saké et Sushi et salles de jeux, des sex-shops agrémentent ce quartier fréquenté par plus de 12 millions de Tokyoïtes. Il est 19 heures, les artères d'Akihabara fourmillent de passants. Le pays du Soleil Levant compte 127 millions d'habitants. «On est nombreux ! Le Japon est une puissance mondiale. Les Nippons le savent bel et bien, mais craignent de plus en plus les Chinois», raconte une jeune Tokyoïte, assise sur la terrasse d'un McDonald's. Chine-Japon. Le duel entre les deux puissances est au menu des discussions. «Affronter la Chine est notre défi», comme l'affirme Masato Kitera, chargé des Affaires africaines au sein du ministère japonais des affaires étrangères. Et c'est en redoublant d'effort que les Japonais peuvent faire face à la puissance chinoise. Les Nippons sont accros au travail et se présentent d'ailleurs comme des «Workoliques», à l'instar d'alcooliques pour les accros de l'alcool. Jour et nuit, le World Trade Center Tokyo ne désemplit presque pas. Traitant avec le monde entier, les Japonais concluent des affaires en rentabilisant au maximum «l'inconvénient» du décalage horaire. Tokyo est le second siège financier au monde après la place américaine, Wall Street. À quelques encablures de ce centre, des temples et des sanctuaires se dressent au cœur de ce quartier d'affaires peuplé de gratte-ciel. Avec les jardins de la capitale, ces somptueux temples offrent des moments de répit aux Tokyoïtes. «Kiyotsumi Teien» est le plus célèbre des sept jardins de la métropole. Construit au XIXe siècle par le fondateur du célèbre groupe Mitsubishi, ce jardin est connu pour ses rochers provenant de tout le Japon. À près de 40 kilomètres au sud de Tokyo, Yokohama est la seconde plus grande cité de l'archipel. Elle est la première ville japonaise qui a ouvert ses portes aux étrangers pendant la période de Meiji (1868-1911). D'ailleurs, le port de Yokohama fêtera l'année prochaine son 150ème anniversaire, marquant l'arrivée du premier navire américain dans la baie de Tokyo. Ville portuaire, Yokohama a, elle aussi, ses gratte-ciel, ses jardins, ses temples et ses magasins de diamants et de perles. Mais, cette ville est plutôt célèbre pour son quartier chinois. La China Town de Yokohama est encerclée par quatre portes chinoises de couleurs différentes. Entre magasins et restaurants typiquement chinois, le visiteur se sent en plein Chine mais avec le souci d'organisation de la fourmilière japonaise. Passage obligé pour tout visiteur de Yokohama, la China Town est l'un des quartiers les plus fréquentés de la ville puisque sa porte nord donne accès directement au Parc Yamashita. C'est le plus ancien parc de front de mer sur environ un kilomètre de long offrant une vue panoramique sur le Port de Yokohama. Sous forme de dos de baleine, le port propose de petite croisière sur le «Sea Bass» qui emmène jusqu'au «Minato Mirai 2», le quartier branché des jeunes nippons. La visite en bateau-mouche permet de voir la manière avec laquelle les Japonais pensent les moyens de transport collectifs. Métros aériens, autoroutes suspendues en l'air, ponts reliant les îles de l'archipel, voitures électriques… «Avec un espace très réduit, nous sommes obligés de faire avec. À la crise immobilière, il faut ajouter la flambée des prix des matières premières. Nous importons la totalité de nos produits alimentaires. Depuis ces trois dernières semaines, nous avons connu une pénurie de beurre. Ici, la vie devient de plus en plus chère», remarque une jeune Japonaise qui a grandi en France. Dans l'Empire du Japon, certains jeunes cadres préfèrent continuer à vivre dans le cocon familial. «Mon fils vient de démarrer sa vie professionnelle chez une compagnie arienne à Tokyo avec 200.000 yens par moi. C'est correct comme salaire, mais cela ne lui permet pas de voler de ses propres ailes. Il loge toujours chez moi», raconte une mère de deux enfants. 200.000 yens équivaut à 14.115 dirhams. Au Japon, ce genre d'enfant, on les surnomme les «célibataires parasites». Ils préfèrent vivre chez leurs parents jusqu'à leurs mariages pour affronter à deux les coûts d'acquisition d'un logement et aussi pour réduire le risque de finir ses jours avec des hara-kiris. Au Japon, le suicide est un fléau qui touche cette société qui vieillit. Le taux de suicide augmente avec l'âge, mais les personnes mariées sont moins touchées par le phénomène que celles qui vivent seules. À l'Académie nipponne internationale des arts martiaux, on met en exergue sur le caractère saisonnier du suicide qui épouse les rythmes de la vie sociale japonaise. Ainsi, janvier, mois de festivités, est la période où l'on se suicide le moins. Le mois le plus meurtrier est celui d'avril, période de rupture pour nombre de Japonais car il inaugure l'année scolaire et universitaire, ainsi que l'année fiscale. Pression au travail, stress, individualisme, rythme de vie accéléré, espaces réduits… La société japonaise craint aujourd'hui de perdre ce qu'elle a de plus cher, son capital humain.