Histoire. Les anciens combattants algériens célèbrent ce mardi le 40ème anniversaire des accords d'Evian «pour perpétuer la mémoire du combat libérateur» qui a abouti au cessez-le feu le 19 mars. Pour nombre de combattants encore en vie, il est difficile de pardonner et encore moins d'oublier. Il y a d'abord les séquelles physiques et ensuite la douleur ravivée notamment par les récentes confessions d'anciens militaires français ayant reconnu avoir torturé et tué durant la guerre d'Algérie. « ça fait 40 ans certes, mais à chaque fois que j'entends parler de torture ou, même, quand je touche mes cicatrices, c'est le souvenir de mes tortionnaires qui revient », explique Mohamed Abdelkrim Boukara, ancien combattant indépendantiste dans les maquis de Tissemsilt, à l'Ouest d'Alger. Capturé lors d'une embuscade en janvier 1957, il dit être passé pendant une semaine à l'interrogatoire moyennant bain d'eau savonneuse et la désormais connue « gégène » (décharges électriques). Dans son livre « Services Spéciaux, Algérie 1955-57 », le général Paul Aussaresses - condamné le 25 janvier dernier en France à une amende de 7.500 euros pour « apologie de crimes de guerre » - décrit avec détails les séances de tortures pratiquées par des parachutistes français sur les militants du Front de Libération National (FLN) et reconnaît – en tant qu'acteur clé de la lutte contre le mouvement indépendantiste - en avoir tué plusieurs... Comme en Algérie, la blessure en France reste d'ailleurs ouverte. Signe du malaise persistant face à une « sale guerre » qui n'osait pas dire son nom, le président Jacques Chirac et le Premier ministre Lionel Jospin ne participeront à aucune commémoration officielle. Seul le secrétaire d'Etat aux Anciens combattants, Jacques Floch, lui-même un « ancien » d'Algérie, doit se rendre ce mardi à l'Arc de Triomphe. En janvier dernier, le gouvernement a d'ailleurs renoncé à consacrer le 19 mars « Journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes », après un vote considéré comme trop serré à l'Assemblée nationale. Pourtant, selon les chiffres algériens, 1,5 million de « Chouhada » ont péri dans l'insurrection armée de 1954 à 1962. Côté français, 27.500 soldats ont officiellement été tués, des milliers de colons massacrés et d'autres chassés.