À l'issue du conseil national du parti tenu les 20 et 21 mars à Bouznika, Abdelkrim El Khatib a décidé d'abandonner ses fonctions au sein du parti. Surpris, certains des siens ont essayé de le faire changer d'avis pour qu'il reste. Mais le secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement (PJD) semble tenir sérieusement à sa décision. À l'issue du conseil national du parti tenu les 20 et 21 mars à Bouznika, Abdelkrim El Khatib a décidé d'abandonner ses fonctions au sein du parti. Surpris, certains des siens ont essayé de le faire changer d'avis pour qu'il reste. Mais le secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement (PJD) semble tenir sérieusement à sa décision. Cette fois-ci, il ne s'agit nullement d'une manœuvre politicienne, le fameux “retenez-moi ou je pars“, utilisée par les dirigeants contestés pour se voir renouveler le soutien de la base. Abdelkrim El Khatib, un héros fatigué et âgé, rend le tablier dans des conditions qu'il aurait souhaité meilleures pour lui et son parti. Il quitte la scène politique alors que le PJD demeure affaibli par la combinaison de deux facteurs qui ont porté un coup extrêmement dur à sa réputation de formation islamiste modérée. D'abord, les attentats terroristes du 16 mai 2003 qui ont subitement placé le parti sur la défensive après avoir longtemps adopté une stratégie offensive dopée par sa performance électorale lors des législatives de septembre 2002 où il a récolté 42 sièges. Ensuite, les déclarations de l'ex-président du Mouvement Unité et Réforme (MUR) Ahmed Raïssouni qui quelques jours avant cette tragédie nationale s'est enhardi à contester dans un entretien accordé à ALM l'institution de commandeur des croyants. Plus que les attaques-suicide de Casablanca, c'est la sortie médiatique de M. Raïssouni, qui a fini par discréditer le parti de Abdelkrim El Khatib aux yeux des autorités du pays, mettant en difficulté Abdelkrim El Khatib vis-à-vis de ces dernières. Conséquence de ces dérapages verbales jugés très graves, Ahmed Raïssouni sera poussé à abandonner la présidence du MUR et Mustapha Ramid à quitter le poste de chef du groupe parlementaire. Grand nationaliste doublé d'un monarchiste convaincu, M. El Khatib, considéré comme le garant d'une ligne modérée de ses islamistes qu'il a accueillis en 1996 dans son parti le MPDC devenu ensuite PJD, s'est senti trahi par le MUR et ses dirigeants. Il se rendra compte de lui-même que ces derniers ont fait depuis longtemps une OPA sur le parti en lui faisant prendre à son insu des positions extrémistes à l'opposé de ses principes fondateurs. Abdelkrim El Khatib nourrissait aussi une ambition qui lui était très chère. Il voulait être l'homme par qui arrive la fédération de la mouvance islamiste marocaine dans un grand ensemble cohérent et soudé. Ambition contrariée. À 84 ans, ce médecin de formation, laisse une formation en quête d'un nouveau destin qui soit en phase avec les réalités du pays et de ses exigences. Secrétaire général-adjoint, Saâdeddine El Othmani fait figure de dauphin. Député de Tiznit qui n'a que des amis aussi bien à droite qu'à gauche et même au-delà, l'homme, contrairement à Ramid, Raïssouni et les autres, s'est posé dès le début en islamiste moderne qui a toujours adouci son verbe. Fort de ses qualités, il a la possibilité, à condition de procéder à un véritable aggiornamento, de conduire le PJD vers des rivages plus cléments.