Abdelkrim El Khatib a décidé d'abandonner toute responsabilité au sein du PJD. Refusant le titre honorifique de président d'honneur proposé par les siens, il a annoncé devant le Conseil national réuni le week-end dernier qu'il préfère prendre définitivement sa retraite politique. Le nouveau secrétaire général sera élu lors du cinquième Congrès national qui aura lieu les 9, 10 et 11 avril. Un poste qui reviendra certainement à l'actuel adjoint d'El Khatib, Saâd Eddine El Othmani qui bénéficie du soutien de la majorité des membres du secrétariat général. Le Parti de la Justice et du Développement (PJD) s'apprête à entrer dans une nouvelle phase que ses dirigeants qualifient déjà d'"historique" et qui commencera à partir du cinquième Congrès national dont les travaux se dérouleront les 9, 10 et 11 avril prochain. Une nouvelle étape qui sera marquée par une révision des statuts du parti et un changement de la direction actuelle. Toutefois, l'événement marquant de ce Congrès sera certainement celui du retrait de l'actuel secrétaire général, Abdelkrim El Khatib, qui a décidé de se retirer de toute responsabilité au sein du parti islamiste. C'est à Bouznika, samedi dernier, devant le Conseil national du parti qu'El Khatib a annoncé sa décision. "Malgré la fatigue et la maladie dont je souffre, je suis venu vous dire au revoir, car j'ai décidé de ne pas rester en tant que secrétaire général et je n'accepte aucun titre sauf celui de secrétaire général honorifique", a-t-il dit en s'adressant aux membres du Conseil national présents lors de la séance d'ouverture des travaux. Ces derniers, qui ne dépassaient pas les 145 membres parmi les 250 que compte cette instance du parti, s'étaient réunis pour débattre du projet du programme des travaux du cinquième Congrès national. L'un des principaux points de l'ordre du jour était justement celui de concéder au Dr El Khatib le titre de président-fondateur du parti. La même décision avait été prise par les membres du secrétariat général à l'égard de son compagnon de route et actuel président du Conseil national, Benabdallah Ouagouti, qui s'est vu aussi accorder le titre de "président d'honneur du Conseil national". Ces deux décisions ne sont pourtant pas définitives puisqu'elles ne constituent que des recommandations qu'il incombe au congrès d'avaliser, mais il est certain que les congressistes les entérineront. Mais, si l'annonce de la décision de retrait du secrétaire général n'a été annoncée que samedi dernier, dans l'entourage du Dr El Khatib l'on s'attendait à une telle initiative de sa part. Cela fait plusieurs semaines, affirme-t-on, que le secrétaire général méditait sa décision. il y aurait pensé au lendemain de la publication par l'hebdomadaire arabophone Al Ayyam d'un entretien avec le membre du secrétariat général, Lahcen Daoudi, où il révéla les grandes lignes du projet de réforme des statuts du parti que le comité préparatoire allait soumettre au cinquième congrès. Dans cet entretien, Daoudi avait annoncé qu'El Khatib serait recalé à un poste honorifique ce qui a provoqué la surprise chez le vieux dirigeant qui n'en avait même pas été informé. Ce n'est que deux semaines plus tard que les membres du secrétariat général, réunis chez El Khatib pour débattre de la réunion du Conseil national, lui annoncèrent officiellement leur décision. Il ne dira rien et se retira en silence, affirme l'un des assistants. Ce n'est pas la première fois que le Dr El Khatib était confronté à une situation pareille. Cela fait plus d'une année et demie qu'il y a de la tension entre le vieux politique et la nouvelle élite dirigeante du parti issue majoritairement du Mouvement islamiste Unité et Réforme (MUR). Rappelons que les divergences étaient arrivées à leur apogée en mai de l'année dernière suite à des déclarations hasardeuses d'Ahmed Raïssouni, alors président du MUR, sur Imarat Al Mouminine. El Khatib avait alors qualifié Raïssouni d'imbécile ce qui provoqua la colère des sympathisants de ce dernier qui constituent une majorité écrasante au sein du PJD. Les observateurs avaient alors auguré d'un "putsch" comme celui auquel on vient d'assister. Car, disaient-ils, les adeptes du MUR ne peuvent aucunement laisser passer l'occasion du cinquième congrès sans consacrer leur hégémonie sur le parti. D'ailleurs, ce qui s'est passé, samedi, confirme cette thèse. Car, les deux décisions concernant El Khatib et El Ouagouti signifient que le parti a décidé de se démarquer définitivement des anciens dirigeants du Mouvement populaire démocratique et constitutionnel (MPDC) et de rompre avec l'aile fidèle à El Khatib qui se faisait de plus en plus minoritaire au sein tant des instances dirigeantes que des militants. Dans un entretien avec notre rédaction, El Khatib a réitéré son refus du poste honorifique auquel il a été assigné par le Conseil national préférant ainsi se retirer définitivement. S'agissant de celui qui lui succédera, ce sera au prochain Congrès d'en décider mais Saâd Eddine El Othmani sera le plus probablement le candidat unique à ce poste. Rappelons que les nouveaux statuts du parti ne permettent pas de se porter candidat à un quelconque poste de responsabilité. C'est une règle conforme à la Charia, dit-on dans les milieux du MUR. Enfin, le prochain congrès promet de marquer le début d'une nouvelle ère au sein de l'unique parti islamiste du Maroc qui connaîtra certainement une guerre interne entre une minorité de l'ex-MPDC et une majorité du MUR.