C'est presque une suite de Camus et de son magnifique L'Etranger. L'auteur écrit ici une sorte de projection dans l'avenir plus de 70 ans plus tard. Pour Kamal Daoud, il s'agit du frère de «l'Arabe» tué par Meursault dans le roman d'Albert Camus. Haroun veut enquêter sur l'absent, le faire ressurgir du passé, lui donner un visage. Il redonne un nom et une histoire à Moussa, mort par hasard sur une plage trop ensoleillée. Mais Haroun est un vieil homme. Sa vie est derrière lui. Dans un bar d'Oran, il passe chaque soir un tête-à-tête avec lui-même. Il vit avec ses démons et leur parle. Il en veut à tous et cherche la mort par tous ses vœux. Kamal Daoud signe ici un bel hommage à Camus et à cet épisode algérien décrit dans «L'Etranger». Mais c'est toute l'Algérie contemporaine qui passe ici en revue, avec ses travers, ses espoirs, ses peurs et ses frustrations.