Comme l'ont souhaité les membres du Conseil économique, social et environnemental (CESE), la 37ème session ordinaire qui s'est tenue jeudi à Rabat a été essentiellement dédiée à l'environnement. Partant du constat que les deux précédentes avaient été économique et sociale, ils ont voulu faire montre d'éclectisme pour faire honneur à la mission et au nom du Conseil. De fait, l'une des deux questions qui ont été débattues a trait à la ville, nouvel environnement d'une «humanité de plus en plus citadine». Et parce que la ville est l'avenir de l'homme, les rapporteurs de la commission permanente chargée de la rédaction des recommandations, en ont corrélé la gouvernance à la question plus vaste de la «cohérence des politiques publiques». Pour créer une ville où il fait bon vivre, il faut en avoir une vision claire et entière, ont-ils affirmé. Car une agglomération urbaine n'est pas uniquement un ensemble d'habitations, mais encore et surtout un cadre de vie. Comme ce dernier est un agrégat composite et complexe, c'est donc l'affaire de tous. L'Etat et les collectivités locales certes, mais aussi les syndicats, les associations professionnelles, la société civile... tous doivent s'inscrire dans «une démarche participative et œuvrer de concert à l'édification d'un ensemble qui doit être par-dessus tout un cadre de vie digne». Pour autant la ville n'et pas seulement un cadre, elle est aussi contenu - donc diversité des prestations de commodité- et aussi moteur de développement, ont rappelé les membres du Conseil. En fait, les projections annoncent que dans dix ans, si elle veut éviter les sentes de l'exclusion, la ville se doit de créer en moyenne 250.000 emplois par an. Une gageure quand on sait qu'elle peine à en offrir 150.000 aujourd'hui. Du reste, en même temps que l'habitat et le revenu, l'espace urbain gagnerait aussi à étoffer son offre culturelle. Afin de promouvoir l'esprit civique notamment. Alors, parce que la tâche est immense, il faut pour bien la mener que l'Etat s'engage davantage, qu'il renforce les capacités des collectivités locales et qu'il œuvre à assurer la communication la plus fluide entre le centre et la périphérie. Il est également indispensable de mettre l'urbanisme au service du développement durable et de rendre les villes plus compétitives, et aussi il vaut mieux ne pas confondre - comme il se fait actuellement- quantité et qualité. Pour le Conseil, ces objectifs sont si déterminants que leur réalisation dépasse de loin les potentialités de chacun des intervenants pris individuellement. D'où «la cohérence des stratégies sectorielles et les accords de libre-échange», le deuxième sujet débattu par le Conseil. Au centre d'une autosaisine décidée par la 3ème assemblée, la question a fait l'objet d'un rapport qui a été adopté à l'unanimité au cours de la réunion. Selon les sages du Conseil, sa pertinence tient au fait que le Maroc est lié par des accords de libre-échange (ALE) avec 55 pays, et que bien que cela représente un marché potentiel de plus d'un milliard de consommateurs, sa balance des échanges avec chacun de ses partenaires est déficitaire. Pour trouver solution au problème, le CESE a déblayé plusieurs pistes. C'est ainsi qu'il estime que l'une des toutes premières actions à entreprendre est d'introduire de la cohérence dans l'ensemble des stratégies sectorielles qui, juge-t-il, en manquent cruellement. Il invite également à l'élaboration de ces stratégies dans une optique régionale qui favorise l'émergence des pôles de compétitivité périphériques nécessaires à l'assise de la régionalisation avancée. Les rédacteurs du rapporteur se sont également prononcés pour une politique concertée de la gestion des ressources communes, «qu'il s'agisse des ressources humaines, des ressources naturelles, ou des ressources financières». Ils ont estimé que pour y parvenir, il est indispensable d'introduire l'usage des contrats-programmes dans les relations entre les différents intervenants et plus particulièrement entre les établissements publics et les régions. Jugeant que la généralisation de cet usage est de nature à renforcer l'efficacité de l'action, ils ont également appelé à la simplification des procédures et au contrôle et au suivi des actions engagées. Enfin, le Conseil a invité à l'implication des partenaires économiques et sociaux et au renforcement du tissu productif au moyen, notamment, d'un intérêt appuyé accordé aux PME. Car, a conclu le rapport du CESE, de ce préalable dépendront la qualité et la promotion de la production marocaine à l'international.