Invités pour la circonstance, quatre organisations professionnelles du médicament, celle des fabricants des princeps, celle des génériqueurs, celle des distributeurs et celle des officinaux, ont apporté publiquement leur soutien au ministre de la santé qui a donné jeudi à Rabat une conférence de presse pour expliquer et justifier la baisse des prix du médicament. Lhoussaine Louardi qui s'est essayé aux déclarations de grand style en donnant un ton résolument politique à sa présentation y a réaffirmé les ressorts politiques et juridiques qui ont conduit à la baisse, en n'omettant pas de préciser qu'elle est le «fait du gouvernement qui s'y est engagé dans son ensemble». Il a cependant fait remarquer que cette action restera incomplète sans de nécessaires mesures d'accompagnement. De surcroît, a-t-il ajouté, elle s'inscrit dans l'esprit de l'article 31 de la Constitution de juillet, entre dans le cadre des Orientations royales adressées au deuxième forum sur la santé, est conforme au troisième Objectif du millénaire pour le développement (OMD) et se situe en plein dans l'action du PPS, son parti. Le ministre a, par ailleurs, jugé que son initiative est soutenue par la profession. Ce dont il a cherché à convaincre en cédant la parole aux représentants des fabricants, des distributeurs et des officinaux invités et qui ont tous dit leur adhésion au projet. Mais si elle a été une sortie politique pour justifier après coup une décision technique, la conférence de presse du ministre a aussi été, par presse interposée, une réponse à ses détracteurs. Ceux-ci - officinaux réfractaires qui ont constitué leurs propres Ordres régionaux- en étaient en effet absents. Conscient de la signification de cette absence, Louardi a regretté que les pharmaciens n'aient pas encore constitué leur Ordre national en ne manquant pas d'envoyer une pique à ses adversaires à l'adresse desquels il a lancé que «l'unanimité n'est pas un passage obligé vers l'action efficiente». Le ministre qui a dit sa volonté d'aller de l'avant sur le chemin tracé, a assuré de son engagement d'aller au bout de ses projets «tant qu'il est en poste». Cette curieuse «réserve» n'a pas manqué de susciter des interrogations dans l'assistance, le ministre l'ayant répétée à plusieurs reprises. Il a précisé que son engagement ne concerne pas seulement la baisse des prix du médicament, mais aussi de nombreux autres projets. Louardi a ainsi annoncé que les experts mettent la dernière main au texte fixant les nouvelles modalités d'octroi de l'AMM (Autorisation de mise sur le marché), et qu'il sera prêt dans les quatre ou cinq semaines à venir, qu'une réflexion est engagée sur les problèmes de stockage et de distribution pour «éviter la péremption qui coûte autant par perte de produits que par surcoût à leur destruction», et sur la vente directe qu'il a qualifiée de cas de concurrence déloyale. Il a affirmé que la privatisation du capital des cliniques est en marche «si elle ne l'est déjà, puisque les médecins qui y ont des parts sont des personnes privées». Il a précisé que le partenariat entre secteurs privé et public allant dans le sens de l'efficacité du système de santé, la priorité accordée au premier n'exclut pas la mise en ordre du second et a estimé que cette dernière exige la restructuration du capital des cliniques dont il a annoncé «la présentation en Conseil de gouvernement dans les quatre semaines à venir». Car les enjeux qui ont dicté ces différents projets sont vitaux eu égard à la faiblesse des investissements par rapport à la croissance des besoins, a-t-il dit. «Le Maroc ne crée qu'une centaine de lits d'hôpital par an et n'offre qu'un nouveau scanner tous les deux ans». Il a également précisé que cet existant en demi-teinte jouxtant un secteur pharmaceutique qui ne compte qu'une quarantaine de fabricants, autant de distributeurs et seulement 12.000 officines, mais qui pourtant emploie 42.000 salariés, fait que le secteur thérapeutique, toutes activités prises en compte, reste en deçà de ce qu'on en attend. Selon Louardi, l'effet cumulé de l'état général de la médecine et des professions du médicament fait que le Ramed peine à atteindre sa vitesse de croisière. L'une des solutions préconisées pour booster la couverture médicale généralisée est, selon lui, de l'étendre aux travailleurs indépendants et aux professions libérales et d'assurer la protection du personnel médical lui-même.