Autorisation de mise sur le marché de près de 200 médicaments génériques, baisse de prix touchant 400 autres médicaments et instauration d'une commission consultative du médicament et des produits de santé. La dynamique du secteur de la santé est aujourd'hui on ne peut plus vraie et traduit la volonté du gouvernement de changer la situation qui jusqu'à aujourd'hui était, pour le moins que l'on puisse en dire, comateuse, avec la mise à l'écart des prestations de santé d'une bonne partie de la population. Une réanimation de la situation, qui fait suite à un accord conclu avec les laboratoires pharmaceutiques, durant les dernières 48 heures, et qui marque un satisfaisant point positif, dans l'attente des décrets d'applications relatifs à la fixation des prix des médicaments. Ainsi, pour les 200 génériques, le ministre de la Santé met ainsi fin à une léthargie qui dure depuis 2009. Les génériqueurs attendaient donc une mise sur le marché (AMM) depuis le temps. Pour ce qui est de la baisse des prix consentie sur les autres médicaments, il faut reconnaître qu'il s'agit du fruit de l'initiative des quatre laboratoires (des multinationales). Globalement, cette baisse qui concerne 400 médicaments (princeps) se chiffre aux alentours de 10%. Par ailleurs, d'ici à la publication des décrets d'applications relatifs à la fixation des prix des médicaments, il a été convenu désormais que pour l'établissement des prix des princeps déjà existants avant la convention signée cette semaine, il sera procédé à un benchmark avec d'autres pays. L'accord en question a retenu l'Arabie saoudite, la Turquie, la Belgique, le Portugal, l'Espagne et la France. À ce niveau, il faut souligner que la Turquie a procédé récemment à une baisse des prix de près de 30% et qu'en Arabie Saoudite, le prix est fixé sur la base d'un benchmark comprenant 32 pays. Pour les génériques, la mesure prise est jugée très importante par les professionnels. En effet, pour la fixation des prix, il sera procédé à un décrochage par rapport au princeps qui peut aller jusqu'à 50% pour les médicaments coûtant 600 DH et plus. Cette décision, soulignons-le, favorisera en quelque sorte la promotion des génériques, en application bien évidemment de la stratégie de l'Etat (www.lesechos.ma). Par ailleurs, ce décrochage devrait permettre de soulager les caisses du régime de sécurité sociale. Néanmoins, sur ce point, il faudra bien convaincre les médecins qui témoignent toujours de leur réticence quant à la prescription des médicaments génériques. Alimentation de la guerre des génériques Ces mesures vont permettre aussi aux génériqueurs de mettre sur le marché de nouveaux produits, ce qui alimentera davantage la guerre entre les laboratoires pharmaceutiques. Pour rappel, les multinationales conscientes de l'enjeu stratégique et vital de ces médicaments ont commencé récemment à en produire. À ce sujet, il faut aussi souligner qu'avec la généralisation du RAMED, il faudra s'attendre à une vraie bataille entre les laboratoires. En effet, près de 90% (achats publics de médicaments) des 2,3 MMDH alloués au système, bénéficieront aux génériqueurs. Il faut aussi rappeler à ce niveau que sur les 2,07 MMDH que représentent les achats de génériques, 70% seront destinés à l'achat de médicaments traitant des maladies chroniques dont le cancer, l'insuffisance rénale... Selon un professionnel, les prix devraient normalement baisser à cause des appels d'offres. Pour rappel, les marges de bénéfices découlant de ces appels d'offres oscillent entre 2 et 3%. Bien évidemment, il faudra attendre 2013 pour que le régime soit opérationnel et efficace à 100%. Les pharmaciens croisent les doigts Si ces baisses des prix des médicaments seront bien accueillies par les consommateurs, il en est autrement pour les pharmaciens. Sur ce point, il faut rappeler que la rémunération de ces derniers, qui ne dépend que des prix des médicaments, risque d'accuser le coup, si un système de compensation n'est pas mis en place. Ceci sans oublier que les officines ont déjà du mal à résister au circuit de distribution illégal, face à la faible consommation des médicaments par les Marocains, ce qui est pour impacter négativement leur chiffre d'affaires. Une Commission consultative enfin effective S'agissant de la Commission consultative du médicament et des produits de santé, celle-ci, qui a été créée le 9 juin, tiendra sa première réunion le 23 juillet. Cette commission (qui comprend des responsables des ministères de l'Intérieur, de la Santé, des laboratoires pharmaceutiques, des associations et ordres de médecins et de pharmaciens, des associations de consommateurs, des syndicats, l'ANAM, la CNSS....) a été instituée pour contribuer à l'élaboration de la politique pharmaceutique et à la définition des outils nécessaires à son exécution. Cependant, selon certains observateurs, le nombre important des membres de cette commission ( 42 au total) et leurs approches et intérêts qui diffèrent quant au médicament et son prix «risquent de rendre la prise de décisions longue et difficile». Enfin, il faut rappeler qu'en 2011, les génériqueurs ont réalisé un chiffre d'affaires de 2,5 MMDH, contre 5,7 MMDH pour le princeps. Quant à la production des génériques, elle avoisine les 87 millions de boîtes contre 206 millions pour les princeps. En 2010, selon des estimations de l'étude réalisée par le Conseil de la concurrence sur la concurrentiabilité du secteur de l'industrie pharmaceutique, ce dernier a réalisé un chiffre d'affaires de 7,9 MMDH pour les médicaments vendus en pharmacie, soit une hausse de 1% en volume et de 2% en valeur. Ce chiffre d'affaires est l'équivalent d'achats pour près de 12,6 MMDH. Quant aux dépenses annuelles per capita, elles ont été estimées par l'étude à près de 376 DH, soit seulement 46 dollars alors que l'Américain consomme pour près de 770 dollars, le Japonais 506 et l'Européen 380. S'agissant du volume de consommation per capita, ce dernier se situe autour de 8,6 boîtes par personne et par an.