Les vacances touchent à leur fin, en tout cas pour ceux et celles qui ont eu la chance d'en prendre. Je profite à ce propos pour attirer votre attention, dans le cas où vous ne l'auriez pas remarqué, que votre si serviable serviteur n'a pas bougé de sa place. Je ne pouvais quand même pas vous laisser, mes chers lecteurs et mes chères lectrices, sans votre dose de mots rigolos quotidiens lesquels, je le sais, vous aident à soulager ou au tout au moins supporter tant de vos maux si communs. Vous savez, l'addiction, je connais bien. Moi, par exemple, quand je me réveille, si je ne trouve pas tous les journaux de la journée sur ma table de chevet, je perds les pédales et je suis capable de faire n'importe quoi. Déjà qu'en temps normal, je ne fais que ça, mais alors là, si mes canards ne sont pas là, là, je ne vous raconte pas ! La première chose que je fais, c'est d'abord de lire les titres. Ah, les titres, il n'y a que ça de vrai, je veux dire, de vraiment capable de titiller mon esprit tordu et de déclencher mes instincts coquins. Pour tout vous dire – et ne le dites surtout pas à mon cher employeur – je n'ai absolument aucun mérite. En effet, la plupart du temps pour ne pas dire tout le temps, ce sont mes confrères, et surtout ceux d'entre eux chargés de la titraille, qui font la moitié du boulot à ma place. Avec le temps, je suis devenu capable de reconnaître un bon titre d'un autre sans intérêt à mon premier coup d'œil de mal réveillé. Tenez, ce matin, par exemple, je prends le premier journal que j'ai sous la main, et que lis-je à la Une, en gros et avec photos multicolores à l'appui (traduit par mes soins): «Des obsèques réunissent Chabat et la Direction du PJD à Casablanca». Mon dieu, quel talent ! Voyez-vous, quel que soit ce que pourrait nous raconter l'article minuscule jeté en page 6 du même journal - et qui d'ailleurs, ne nous apprend absolument rien sinon les mêmes bêtises puériles habituelles – l'essentiel était déjà dit et il n'y avait plus rien à dire. Alors, vous allez me demander qu'est-ce que ce truc pourrait bien m'inspirer, et je vais vous répondre avec un seul mot: MDR. Oui, je suis sûr que j'en aurais fait un billet à mourir de rire. Bon, c'est vrai, ce n'est pas si rigolo que ça, mais franchement, de qui se moque-t-on? C'est la ènième fois qu'on nous parle de ces prétendues réconciliations de cimetières, alors que tout le monde sait que ce n'est que du pipeau. Oui, mais, ça fait vendre. Paraît-il… Au fait, il n'y a pas que le papier qui vend du vent. En effet, nos amis journalistes virtuels sont encore plus pires comme diraient les pas puristes. Je vous donne un exemple tout frais, et qui, comme hasard, est du même registre ou presque puisque là il s'agit d'enterrement de vie de célibat. Voici le titre (toujours transposé par votre humble traducteur) : «Les joies pour affronter les difficultés de la composition d'un nouveau gouvernement: Benkirane et plusieurs de ses ministres au mariage des enfants d'un parlementaire à Fès, et les «Istiqlaliens» partagent la fête avec eux». La traduction n'est pas top, mais je vous jure que le titre, lui, est authentique. Quand vous lisez le semblant d'article qui l'accompagne, vous apprenez tout simplement que des gens, peut-être anormaux parce qu'importants, ont assisté, dans une même salle, à une cérémonie de mariage somme toute normale. Alors, m'interrogeriez-vous, pourquoi font-ils tout un plat de machins si peu consistants ? Vous voulez vraiment que je vous réponde ? Vous voulez absolument me fâcher avec les rares amis que je n'ai même plus ? Yallah, tant pis ! Li liha liha ! J'y vais. Si certains de nos journalistes sont tombés si bas, c'est parce qu'ils ne savent plus à qui, aujourd'hui, il faut faire plaisir. J'ai été clair ou je vous fais une caricature ? Bon, je crois qu'il est temps que je prenne des vacances, moi aussi. Bon week-end à tous et à toutes et bonne reprise pour les autres.