Certains de mes fidèles lecteurs et amis m'ont reproché le contenu et le ton de mes derniers billets, qu'ils ont trouvé un peu tristounets. Tout en leur précisant que je n'en étais pas totalement responsable, je leur ai indiqué que si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais fait de cette tribune un espace continu et immuable de franche et permanente rigolade. Oui, qu'est-ce que j'aimerais bien jouer au guignol chaque jour, en tapant sur les copains - ou pas copains - tout en me tapant sur le ventre. Hélas, la violence de l'information ou son absence totale me sapent souvent le moral, et je suis presque toujours obligé d'encaisser de coup et de vous le renvoyer aussitôt, tout en tentant, autant que faire se peut, de vous l'enrober un peu pour vous le rendre plus supportable et, si possible, plus agréable. Comme aujourd'hui il fait beau et que j'ai un super rendez-vous, j'ai envie de vous faire plaisir. Je change de registre et je tape sur la touche «Mieux vaut en rire». C'est fait ! Je vais vous parler des fonctionnaires véreux. Oui, je sais, ce n'est pas nouveau, mais, vous allez voir, parfois, c'est très rigolo. Tenez ! Par exemple, qu'est-ce que je fais quand je suis arrêté, injustement ou pas, par un agent de police ? Ça doit être la même chose pour vous, mais le schéma est constamment le même. Dès que je commence à protester, il me demande de me calmer en me rassurant que ce n'est pas grave et que tout va s'arranger. Après avoir constaté que mes papiers sont en règle, il me pose la question classique : «Alors, qu'est ce qu'on fait ?», et je réponds, toujours : «Vous faites ce que vous voulez». Et là, 9 fois sur 10, l'agent me rend mes papiers avec cette réplique invariable : «Non, c'est vous qui faites ce que vous voulez». Traduction : «Je ne vous fixe aucune somme, mais je suis sûr que vous allez être généreux avec moi». Je ne sais pas ce que vous, vous faites dans ces cas-là, mais, moi, je vous assure qu'à chaque fois, je lui rends mes papiers en le sommant de faire son boulot pour lequel il est, peut-être, pas assez payé, mais il n'a qu'à en parler à ses gradés. Et le plus marrant dans l'histoire c'est que non seulement l'agent est souvent surpris par mon comportement qu'il doit trouver irrationnel mais, en plus, je me fais presque toujours engueuler par les gens qui m'accompagnent, y compris, parfois, mes proches les plus proches qui me reprochent mon attitude «antiéconomique». «Tu es dingue ou quoi ? Tu préfères payer 400 DH, au lieu de 50 DH, le tarif habituel du petit café !» Ce n'est pas rigolo, ça ? Allez, une deuxième ! Celle-là est toute fraîche, elle date de ce mercredi. Alors que j'essayais, tant bien que mal, de trouver quoi écrire pour vous faire plaisir, on m'annonça qu'un «monsieur des impôts» souhaitait me voir. Je n'en fus pas très surpris car j'ai pris l'habitude de ces visites impromptues et, ma foi, assez légitimes. Le «monsieur» en question qui s'est présenté comme un «agent de recouvrement et de contrôle», me tendit la copie d'une lettre qui m'aurait été adressée par les services de fisc, et à laquelle, me gronda-t-il presque, je n'aurais pas répondu. Tout en lui affirmant que j'avais pas mal de soucis ces temps-ci avec ses amis, je lui ai promis d'en parler avec mon comptable et de faire le nécessaire dans les plus brefs délais. Et savez-vous ce qu'il m'a rétorqué ? (Je vous jure que c'est vrai). «Ce n'est pas la peine de vous déranger. On peut s'arranger». J'ai la carte de «ce monsieur» et son numéro de téléphone, alors, qu'est-ce que j'en fais ? Au fait, d'après vous, qui est le guignol dans l'affaire ? En attendant d'avoir une réponse un jour, je vous souhaite un très bon week-end et une très bonne fête.