«C'est un bon accord», ont jugé le ministre de l'agriculture et de la pêche maritime et la commissaire européenne en charge des affaires maritimes et de la pêche en annonçant à la presse, mercredi à Rabat, le paraphe du protocole de l'accord de pêche liant le Maroc à l'Union européenne. Aziz Akhannouch et Maria Damanaki qui se sont déclarés heureux de la conclusion des négociations sur le protocole «après six rounds laborieux», ont expliqué que ce nouvel accord est bon parce qu'il est le type même de l'arrangement gagnant-gagnant et qu'il profite tout autant au Maroc qu'à l'Union européenne. «C'est un protocole équilibré, qui est porteur de belles perspectives de développement et de coopération, qui a le souci de la durabilité et qui promeut la valorisation de la ressource», a déclaré le ministre. Il a précisé que le nouveau protocole qui s'inscrit dans le cadre de l'association maroco-européenne est conclu pour 4 ans et qu'il prévoit une compensation financière de 40 millions d'euros en contrepartie de l'effort de pêche de 126 bateaux communautaires autorisés à opérer dans les eaux territoriales marocaines dans l'observance et le respect de l'exploitation durable de la ressource et des possibilités de pêche qui seront convenues. Possibilités au sujet desquelles le ministre a répondu à ALM sur la question de savoir si une modulation de l'effort de pêche en fonction de l'état des stocks a été prévue, que cette préoccupation est centrale et que la modulation de l'exploitation autorisée se fera suivant les indications de l'Institut de recherche et des études halieutiques. De fait, le nouveau protocole prévoit 6 catégories de pêche avec une réduction des possibilités d'exploitation par rapport à l'ancien protocole par le biais d'une flottille qui passe de 137 à 126 unités. La commissaire européenne a précisé, pour sa part, ,que l'Union européenne a à cœur de préserver la ressource car la flottille communautaire ne pêchera que le surplus. Outre cette préoccupation, Maria Damanaki a également déclaré que le nouveau protocole stipule que le Maroc autorise les bateaux européens à pêcher sur l'ensemble de ses eaux territoriales et que cette pêche profitera aux populations locales y compris au Sahara. Ainsi, a-t-elle jugé, le nouvel accord a-t-il dépassé les écueils de naguère. Elle a également estimé que comme pour ce qui en est du Maroc dont, comme l'a déclaré le ministre, l'adoption du protocole par le Parlement est liée à l'agenda législatif, le Parlement européen entérinera le protocole dès «l'accomplissement des procédures internes». Elle a exclu le fait que les députés européens émettent des réserves sur le libellé du protocole qui conduiraient à en suspendre les effets comme en décembre 2011. En même temps que ces dispositions, le nouveau document institue une meilleure gouvernance de la coopération en matière de pêche. Sur les 40 millions d'euros versés par l'Union européenne, 14 millions iront à la promotion de la pêche marocaine telle que prévue dans le cadre du Plan Halieutis avec, en particulier, un effort prononcé sur la recherche. Celle-ci est en effet appelée à jouer un grand rôle dans la détermination des aires de pêche afin d'éviter l'épuisement des stocks. Le protocole prévoit, en outre, un renforcement des mesures de contrôle tant en haute mer qu'au débarquement. C'est ainsi qu'il soumet les bateaux européens à une surveillance par satellite et que le débarquement des captures dans les ports européens se fait sous le contrôle d'observateurs marocains et européens. L'accord prévoit également de doubler le nombre des marins marocains recrutés à bord des bateaux européens en le portant de 8 à 16.