En une journée, deux maisons se sont effondrées dans l'ancienne médina de Casablanca. Mercredi 1er mai, une construction de 3 étages située dans la rue Asni 2, Derb Taliane (quartier des Italiens) est tombée. Bilan : une blessée grave au niveau de la colonne vertébrale, Nezha Elamrani, 41 ans, qui a été conduite au CHU Ibnou Rochd, et 10 familles sans toit. «J'étais parti au hammam, à mon retour j'ai trouvé une maison en ruine, la police et les autorités locales l'encerclant», a indiqué à ALM Bouchaib Nouari, l'une des 41 personnes qui habitaient cette maison. Selon lui, les gens savaient que cette maison était un véritable danger, mais ils n'avaient pas où aller. «Moi, je n'y venais que durant la journée pour prendre mes affaires, le soir je me réfugie dans une école au boulevard Ziraoui dans des conditions de vie inhumaines, mes enfants dorment chez ma mère, et ma femme chez une amie à elle», confie M. Nouari qui vit dans cette situation depuis août 2012, date de la visite d'une commission chargée du recensement des habitations menaçant ruine et du relogement des victimes. «On nous avait promis un nouveau logement, mais à chaque fois qu'on relance la Sonadac (Société nationale d'aménagement communal), on nous dit de patienter un mois, et ça dure inlassablement». Pour sa part, le deuxième effondrement de ce mercredi 1er mai s'est produit à Derb Houmane rue n° 4, la maison concernée se composait de 4 étages et était abandonnée. Mais en s'affaissant, elle a partiellement endommagé une habitation qui lui est adossée et qu'occupaient trois familles. «On vit depuis une semaine la peur au ventre, au rythme du long craquèlement de la maison voisine. Mais la nuit du mardi, on a senti la situation empirer», raconte Nabila. Et de poursuivre : «Vers 2h du matin, les craquèlements se sont intensifiés, nous n'avons pas réussi à dormir. Il fallait faire descendre une femme très âgée de l'étage au-dessus, réveiller les enfants pour évacuer tout le monde. Vers 6h, nous avons enfin décidé d'aller nous refugier chez les voisins, avant qu'il n'y ait effondrement». «Aujourd'hui on ne sait plus où aller et personne ne nous entend, personne ne se soucie de notre cas. Les autorités attendent-elles qu'il y ait des morts pour réagir ?», s'indigne cette mère de trois enfants. A noter que seules quelques familles sont hébergées provisoirement dans quatre centres d'accueil, mais dans des conditions insoutenables. Selon Moussa Sirajeddine, président de l'association Awlad L'Mdina, organisation très active de la société civile, les chiffres officiels recensent 1.800 familles, alors que sur le terrain on compte 3.200 familles logeant dans des habitations menaçant ruine. Et ce, pour seulement 250 nouveaux logements en construction. «La situation sociale est désastreuse et finira par exploser vu le mécontentement grandissant des familles et le manque de mesures concrètes des autorités locales», estime M. Sirajeddine, soulignant que les victimes préparent un sit-in de protestation pour attirer l'attention des responsables. Selon lui, trois maisons par mois s'effondrent dans l'indifférence totale des autorités locales. Et la situation ne cessera d'empirer étant donné que la chaleur de l'été assèche les murs de ces habitations et accélère leur effondrement, alors que la saison pluvieuse fait fondre comme du sucre ces constructions vulnérables.