Anémie et risques cardiovasculaires étaient au centre du débat du symposium tenu le samedi 30 Avril à Casablanca, en marge des XVIIes Journées Nationales d'hypertension artérielle organisées par la Société marocaine de l'hypertension artérielle. Symposium animé par le Pr Benyounès Ramdani, Chef de Service de néphrologie au CHU Ibn Rochd de Casablanca. Parce que le nombre de personnes atteintes d'insuffisance rénale chronique au Maroc s'élève à 9.114 et qu'en 2012, 13 500 patients auront besoin de dialyse et parce que le symptôme constant de l'insuffisance rénale chronique est l'anémie et que celle-ci s'aggrave avec la dégradation de la fonction rénale, une situation qui met en jeu le pronostic vital du patient, il devenait urgent pour les spécialistes de remédier à cette situation. Le principal facteur responsable est un déficit de sécrétion de l'érythropoïétine (EPO), protéine qui stimule la production de globules rouges dans la moelle osseuse. Lorsque le taux de globules rouges diminue dans le sang, la quantité d'hémoglobine (Hb) baisse aussi. Les tissus et les organes ne recevant plus la quantité suffisante d'oxygène, le corps fonctionne ainsi au ralenti. D'où une sensation de faiblesse et de fatigue. Fréquente parce qu'elle est souvent associée à d'autres maladies comme la maladie rénale chronique et le diabète, l'anémie représente un véritable problème de santé publique à l'échelle internationale, en raison du risque de morbidité et mortalité qu'elle entraîne, un risque davantage aggravé en cas d'insuffisance rénale chronique. 90% des malades sous dialyse sont anémiques et nécessitent un traitement par un agent stimulant de l'érythropoïèse «ASE» afin de stabiliser le taux d'hémoglobine et améliorer la qualité de vie et éviter les complications. Fatigue intense, troubles de la concentration et du sommeil, manque d'énergie … autant de signes qui accompagnent souvent le quotidien des patients souffrant de ce mal. Comme le sang transporte moins d'oxygène, le cœur doit battre plus vite. Les patients risquent alors de développer une hypertrophie ventriculaire gauche, complication qui augmente le risque de mortalité par accident cardiaque La recherche des moyens préventifs, diagnostiques et thérapeutiques les plus adéquats s'est imposée de toute évidence à la Société marocaine de l'hypertension artérielle. Elle a ainsi prévu en marge de ses XVIIes Journées nationales d'hypertension artérielle, un symposium entièrement consacré au thème : « Anémie et risques cardiovasculaires », le samedi 30 Avril à l'hôtel Hayat Regency Casablanca. Innovations thérapeutiques En effet, la mise en route de moyens nécessaires pour individualiser le traitement de l'anémie rénale s'avère une priorité sanitaire. Les participants se sont ainsi étalés sur les nouveautés thérapeutiques capables d'améliorer la qualité de vies des personnes anémiées. Dans ce cadre, les discussions se sont focalisées sur les apports thérapeutiques du nouveau produit, baptisé l'EPO de 3e génération. Il s'agit d'un activateur continu de l'EPO qui, contrairement à une EPO de 1re et 2e génération, reproduit plus fidèlement les processus physiologiques de l'organisme. «Issues des médicaments biotechnologiques, connus pour leur efficacité, l'EPO de 3e génération est un activateur continu de l'EPO. Sa particularité est qu'il reproduit fidèlement les processus physiologiques de l'organisme. Cet agent stimulant l'érythropoïèse (ESA) se présente sous forme de solution injectable qui comprend un principe actif proche de l'EPO, contenant du Méthoxy polyéthylène glycol-Epoétine bêta En outre et contrairement aux EPO classiques, une prise mensuelle au lieu de plusieurs limitant ainsi les variations trop rapides du taux d'hémoglobine pouvant exposer à un risque cardiovasculaire élevé. a affirmé le Pr Benyounès Ramdani, Chef de Service de néphrologie au CHU Ibn Rochd de Casablanca. Par ailleurs, il convient de signaler que l'EPO normale nécessite trois injections par semaine, alors que l'EPO de 3e génération, le nouveau antianémique n'est administré qu'une fois par mois. Le traitement de l'anémie rénale se trouve ainsi largement simplifié, avec pour conséquence une meilleure stabilité du taux d'Hg et une réduction du taux d'erreurs liées à l'administration récurrente par mois des médicaments en usage auparavant. Son apparition constitue un grand progrès pour les personnes anémiées mais aussi moins de contraintes et donc une meilleure qualité de vie. Selon ce spécialiste qui a animé ce symposium, l'interaction entre l'anémie et les maladies cardiovasculaires est complexe dans la mesure où elle peut être selon les cas leur cause potentielle ou leur conséquence. Tout retard de diagnostic ou de prise en charge implique de graves répercussions notamment par la survenue de complications cardiovasculaires graves et d'accidents vasculaires cérébraux qui constituent à eux seuls la première cause d'handicap acquis chez l'adulte, la deuxième cause de démence après la maladie d'Alzheimer, la troisième cause de décès, sans oublier leur coût socio-économique est considérable. A signaler que la mise sur le marché de l'EPO de 3e génération a fait l'objet de nombreuses recherches scientifiques dont la plus connue est l'étude MAXIMA (Mainteance of Haemoglobin Excels in Intravenous Administration of CERA), publiée dans The Lancet. Cette étude phare qui a porté sur 673 adultes répartis dans 91 centres de huit pays (USA, Canada et pays d'Europe), a révélé que les patients dialysés ayant reçu des antianémiques à intervalles rapprochés peuvent passer efficacement à l'EPO de 3e génération. «Avec ce nouveau traitement, c'est un grand pas qui vient d'être franchi dans la prise en charge des personnes anémiées. Sachant que la règle préventive doit être que chaque patient hypertendu doit avoir un contrôle de sa fonction rénale et que la tension artérielle doit être régulièrement contrôlée chez un patient avec une insuffisance rénale», a conclu le Pr Benyounès Ramdani.Le Quant on parle de santé et des moyens qui contribuent à l'amélioration de l'état de cette même santé, on a tendance à dire que : «la santé n'a pas de prix», ce qui en partie est vrai puisque la santé de chaque individu est ce qu'il a de plus précieux. Mais vu sous un autre angle, la santé à aussi un coût et ce coût n'est pas à la portée de toutes les bourses. S'agissant de l'anémie rénale et du nouveau traitement «EPO de 3e génération» qui consiste en une seule injection par mois, il faut savoir que ce traitement coûte prés de 2700DH /mois. Les malades qui ont une mutuelle , une assurance , une prise en charge ont de la chance , mais les autres , tous les autres, celles et ceux qui n'ont ni AMO, ni argent …dieu sait qu'ils sont nombreux ceux là qu'est ce qu'ils deviennent ? C'est vrai qu'il y a un travail formidable qui est réalisé par les associations, mais ne serait-il pas plus juste, plus équitable que le ministère de la santé les prend en charge. Complexe, l'interaction entre risque cardiovasculaire et insuffisance rénale est fréquente, et responsable d'une morbi-mortalité cardiovasculaire élevée ; D'ailleurs, c'est la première cause de décès chez les patients insuffisants rénaux chroniques dialysés ou non. Il est donc fondamental, de chercher précocement, l'anémie chez le patient suivi pour maladie rénale chronique et la traiter afin d'éviter des complications cardiovasculaires graves pouvant mettre en jeu le pronostic vital des patients. Risque cardiovasculaire et Anémie rénale. Une relation de cause à effet Pour ce qui est des mécanismes impliqués dans cette interaction, il faut retenir à titre d'exemple qu'il existe une interaction entre l'anémie au cours de la maladie rénale chronique et le risque cardiovasculaire Ainsi l'anémie augmente le débit cardiaque et entraîne en même temps une ischémie myocardique aboutissant à l'aggravation de l'insuffisance cardiaque et que cette même insuffisance cardiaque aggrave la maladie rénale chronique par une vasoconstriction rénale aboutissant à une fibrose rénale et aggravant l'évolution vers l'insuffisance rénale chronique. Situés de part et d'autre de la colonne vertébrale, en dessous du diaphragme, les reins ont la forme de gros haricots pesant chacun environ 180 g, de la taille d'un poing serré. Ils sont chargés d'éliminer en permanence les déchets produits par l'organisme et aussi l'eau présente en quantité excessive. Chaque minute, environ un litre de sang (soit le cinquième contenu dans un corps) entre dans les reins, où il est filtré par plus d'un million de petites unités appelées néphrons. Les reins sécrètent également une hormone dont le rôle est de contrôler la production de globules rouges par la moelle osseuse appelée érythropoïétine. Les hormones sont des substances qui, libérées dans la circulation sanguine par un organe, influent sur le fonctionnement d'autres parties de l'organisme. Le rôle de l'érythropoïétine est de stimuler la production de globules rouges. Les reins produisent 85 à 95 % de l'érythropoïétine présente dans l'organisme. Par conséquent, lorsqu'ils ne fonctionnent pas normalement (maladie ou insuffisance rénale), la quantité d'érythropoïétine produite est insuffisante pour maintenir un taux de globules rouges normal. Il en résulte une anémie rénale. Anémie et risques cardiovasculaires Les preuves des bénéfices attribuables à l'EPO de 3e génération * Associée à de nombreuses maladies chroniques comme l'hypertension artérielle, le diabète et l'insuffisance rénale chronique, l'anémie rénale est un problème de santé publique au Maroc. * Les apports thérapeutiques de l'EPO de 3e génération, au centre des réflexions des XVIIes Journées Nationales d'hypertension artérielle * Pour Benyounès Ramdani, ce produit permet une meilleure stabilité du taux d'hémoglobine, une simplification du le traitement, et une réduction des taux d'erreurs d'administration enregistrées avec les autres produits.