Une métropole aussi grandissante comme Agadir qui s'appuie résolument sur le secteur touristique est censée s'investir en parallèle dans toutes les constituantes de l'industrie du tourisme. En effet, il semble bien que l'hôtellerie, plus particulièrement, s'accapare la part du lion en terme d'intérêt et de focalisation au niveau des capitaux, de la promotion et du marketing. Cependant, on ne cessera jamais de le répéter, le « All Inclusive » vient gâcher cet investissement titanesque déployé tant par les institutionnels que par les professionnels, à cause de ce système ravageur détenu à distance par les Tours Opérators et assénant des coups meurtriers à la ville, aux autres composantes du département, en particulier la restauration. Cependant, il est bien vrai que ce volet gastronomique qui constitue une partie intégrante de la profession souffre énormément des répercussions fâcheuses du « Tout Compris », du fait que les touristes se trouvent enclavés dans leurs hôtels durant tout le séjour acculant les restaurants à vocation touristique au chômage forcé. Il n'en demeure pas moins que ce métier est également très affecté par les vicissitudes spécifiques qui handicapent son évolution au diapason des avancées enregistrées globalement dans le secteur du tourisme. Aucun plan de travail, ni activité ponctuelle encore moins une action délibérée visant à s'attaquer communément à telle ou telle problématique, alors que les déficits de la restauration sont énormes et nécessitent qu'on s'y attelle sérieusement. Effectivement, les déficiences et les dérapages sont saillants et déplorables aussi bien au niveau du front de mer qu'au sein des principales artères de la zone balnéaire. Il faut bien reconnaître qu'à cause de la fébrilité et la dispersion du corps de la restauration qu'on se paie le luxe de s'adonner à des pratiques attentatoires à la dignité et la souveraineté de ce secteur vital. Tant de cacophonies entravent sa bonne marche, notamment cette attitude déloyale de certains cabaretiers qui continuent à porter préjudice à leurs collègues restaurateurs en s'obstinant, sans scrupule et en connivence avec leurs protecteurs, à ouvrir pendant toute la journée alors que leur produit est exclusivement toléré en milieu de la nuit. Cette conduite non équitable est aussi animée par les détenteurs de snacks qui, au lieu d'évoluer en conformité de leur registre stipulé par le cahier des charge se permettent de placer des tables et des couverts chauds, à l'instar des restaurateurs, en s'amusant, de ce fait, à casser les prix de leurs collègues voisins. Dans le même ordre d'idées, nombre de restaurateurs ne se donnent la peine de relooker leurs boîtes, ne prêtent aucun intérêt à l'hygiène et ne cessent d'imiter les produits en service, à tel point que presque tous les plats sont identiques faute d'innovation et de recherche gastronomiques. D'autre part, nombreux sont les cabarets qui ne remplissent nullement les critères de cette formule, de par l'exiguïté de leurs locaux, le non respect des exigences déontologiques vis-à-vis de leurs homologues et la pratique de la débauche, du blanchiment et le proxénétisme outrancier. Le narguilé (Chicha) est actuellement banni sur décision wilayie, mais continue à sévir dans plusieurs cabarets qui jouissent d'une certaine bénédiction des protecteurs. Les exemples de ce constat lamentable sont malheureusement nombreux et méritent qu'on s'y penche avec beaucoup de responsabilité et de civisme. Qui va, alors, organiser ce secteur anarchique et livré à lui-même ? Comment peut-on concevoir un véritable tourisme performant sans l'assainissement et la consolidation de l'une de ses constituantes névralgiques à savoir la restauration sous ses diverses formes ? Le plus gros travail d'organisation et de nettoyage devrait être assumé par les professionnels eux-mêmes à travers leur association. Ce sursaut salvateur devra être entamé justement par cette structure elle-même appelée à se dynamiser, se renforcer et rassembler toutes les compétences de la restauration autour des actions communes, concertées et solidaires. Inutile de rappeler qu'au sein de cette profession évoluent des compétences pleines de métier, de citoyenneté et d'imagination qui peuvent la développer et la tirer vers l'avant, à conditions que les intrus et les opportunistes s'estompent. C'est une tâche très difficile car la pourriture, la nullité et la corruption ont beaucoup altéré ce domaine. Mais, il faut bien que les bonnes volontés de la ville assument leur responsabilité en s'organisant dans une entité agissante. Il y va de l'intérêt du tourisme et du pays.